Règles typographiques : de Cabochon à Citation

Cabochon Couillard, Cul-de-lampe.

Petit motif n’occupant qu’une partie de la justification (voir ce mot).


Cadrat Cadratin.

Composition au plomb : lingot destiné à créer un blanc important dans une ligne, par exemple pour justifier une ligne creuse.


Cadratin Alinéa, Blanc, Cadrat, Tiret.

1. Cadrat dont l’épaisseur est égale à la force du corps utilisé. En termes moins typographiques : la face supérieure du lingot est carrée.

2. Par extension, blanc (à peu près) carré, dont les côtés sont (à peu près *) égaux à la force du corps utilisé. Traditionnellement, le cadratin est le blanc qui marque l’alinéa.
Les définitions de cadratin données par Académie 1994, Larousse 1992, Littré 1872 et Robert 1993 sont toutes erronées.
Celles qui sont données par Berthelot 1992, Druet & Grégoire 1976, Impr. nat. 1990, Larousse 1933, 1970, Lexis 1989, sont irréprochables.
* Le lecteur « ordinaire » associe la valeur de deux interlignes : il voit par conséquent un « carré plutôt vertical ». En outre, dans l’alinéa, le côté gauche (marge) est toujours virtuel ; celui du haut l’est parfois (ligne blanche)… En outre… la composition mécanique et la photocomposition ont altéré la pureté du cadratin en le faisant dépendre de la chasse. Difficile, dans ces conditions, de voir un carré.

3. P.A.O. On lit parfois que le cadratin a dans la ligne le même encombrement que le M. C’est inexact. Il suffit de rappeler que, dans le système Monotype, le cadratin avait le même nombre d’unités (18) que les capitales doubles (Æ, Œ, W) et le tiret (—), alors que le M en comptait trois de moins (15). La formule « Un cadratin égale la chasse de deux chiffres 0 », souvent proposée dans les manuels de P.A.O., est correcte (0  9 unités).
Lecerf 1956.

Seuls les amateurs de rusticité s’amuseront à créer des cadratins d’alinéa en faisant coïncider le curseur de retrait avec l’extrémité droite d’un tiret — ou de deux zéros… — placé sur l’alignement de gauche… La seule méthode précise pour créer un vrai cadratin consiste à respecter sa définition. Les logiciels de mise en pages et de traitement de texte permettent d’entrer la valeur du retrait d’alinéa. Si l’on travaille en points, il suffit d’entrer la force du corps utilisé. Si l’on travaille en centimètres, il suffit de multiplier la valeur arrondie du point pica (0,035) par la force du corps utilisé.
Corps
  (en points)  
 Retrait 
(en cm)
8
0,28
9
0,32
10
0,35
11
0,39
12
0,42
13
0,46
14
0,50
Tout cela est fort beau, rigoureux et rassurant… et mérite d’être respecté dans les compositions « normales » : corps adapté à la justification, espacement ordinaire, caractère de labeur chassant modérément, interligné décemment, etc. Toutefois, lorsque plusieurs paramètres s’écartent de la norme, le retrait d’alinéa doit être augmenté (jamais diminué). L’emploi d’un corps trop petit pour une justification donnée, ou d’un caractère large, fortement interlettré et interligné, peut exiger un retrait d’alinéa équivalant à un cadratin et demi, voire à deux cadratins. La typographie a ceci d’estimable qu’elle associe un système de mesure compliqué, pesant, archaïque… et le droit de s’en affranchir raisonnablement.

Sous-multiples du cadratin : demi-cadratin, tiers de cadratin, quart de cadratin.

4. Dans l’argot des typographes, le cadratin désignait aussi le chapeau haut de forme.


Calendrier républicain Date.

Vendémiaire, brumaire, frimaire, nivôse, pluviôse, ventôse, germinal, floréal, prairial, messidor, thermidor, fructidor.


Calibre

Le calibre des armes (diamètre de l’âme du canon) s’exprime en chiffres arabes. Du pistolet d’alarme à la pièce d’artillerie lourde, l’unité de mesure est le millimètre. Lorsque la nature de l’arme est précisée, l’unité de mesure sera omise avec profit : un canon de 75.
Pour Impr. nat. 1990, lorsque le calibre est substantivé et désigne l’arme elle-même, le symbole d’unité de mesure est sous-entendu. C’est vrai lorsque le calibre suffit à caractériser clairement une arme : un 7,65 ; « Les deux canons, des 75, étaient en batterie des deux côtés d’une large avenue qu’ils balayaient. » – André M
ALRAUX, l’Espoir. En revanche, on devra se montrer plus précis dans d’autres cas : un 9 mm.
Plusieurs calibres « anglo-saxons » sont d’un usage courant.
Usage traditionnel aujourd’hui déconseillé dans les textes destinés à être lus par un public plus large que celui des écoles d’artillerie : emploi du centimètre pour le calibre des pièces d’artillerie allemandes.
Jadis, le calibre d’une pièce d’artillerie correspondait au poids du boulet qu’elle tirait, et l’unité de mesure était la livre.
Composition au plomb : outil servant à vérifier la force de corps des caractères.


Campagne Guerre


Capitale
Accentuation, Bas de casse, Majuscule, Petite capitale.

« On se sert souvent des lettres capitales pour mettre
à la tête de certains mots que l’on veut distinguer
des autres et faire remarquer dans l’écriture, soit imprimée,
soit manuscrite ; mais on est fort peu d’accord sur la manière
de se servir de ces lettres, et l’on trouve à cet égard bien
des contrariétés entre les auteurs. »
Pierre Claude Victoire B
OISTE,
Dictionnaire universel de la langue françoise.

Points abréviatifs dans gr. cap., qui se lit « grande(s) capitale(s) ». En revanche, il est inutile d’affubler l’abrègement « cap » d’un point abréviatif, puisqu’il s’agit d’une troncation. On prononce « cap ».


Carat Alliage


Cartouche

Ornement servant de cadre.


Casse Bas de casse, Police.

« Mais il s’est produit une très grande diversité
dans la distribution des cassetins, et chaque
imprimerie l’a réglée suivant la nature de ses travaux
habituels. Nous n’avons trouvé, dans les casses en
usage, aucune combinaison qui nous parût propre
à être offerte comme un type normal. Nous avons
donc pris le parti de créer un modèle, que nous
avons établi suivant les données les plus générales
et les plus rationnelles. »
Henri F
OURNIER, Traité de la typographie.

Boîte plate et compartimentée où sont répartis tous les signes et les blancs fractionnaires d’une police (caractères du même corps) nécessaires au compositeur. (Plusieurs casses ne contiennent pas l’intégralité d’une police de labeur. Les sortes surabondantes sont rangées dans des bardeaux, immenses tiroirs à cassetins, voire dans des cornets en papier.)

Beaucoup d’ouvrages reproduisent le schéma de la casse « parisienne ». S’il est vrai que cette casse fut la plus utilisée, ce serait une erreur de croire que les tentatives de normalisation imposèrent jamais un modèle unique : il y eut les casses Rignoux, Breton, Raçon, Billoux, Jouglet, la casse dite « de la Commission », la casse lyonnaise, etc. : Audin 1949 a relaté avec précision leur histoire. Cette diversité ne facilitait pas la tâche des apprentis et des compositeurs à l’humeur vagabonde. Au
XIXe siècle, la plupart des bons auteurs de traités et de manuels typographiques (Fournier 1903, Lefevre 1883) ont proposé leur propre modèle de casse.
D’autres casses, très différentes, étaient conçues pour la composition de l’anglaise, de la ronde, de la musique, des langues étrangères, etc. ; d’autres étaient destinées aux signes mathématiques, aux vignettes, aux accolades, aux filets, etc.
On rangeait les casses dans des meubles appelés layettes.
Dans l’argot des typographes, « être à fond de casse » signifiait : avoir la gueule de bois.

Plusieurs auteurs modernes écrivent que la grandeur des cassetins est proportionnelle à la fréquence d’emploi des lettres qu’ils contiennent. Très approximativement. Les écarts de fréquence sont tels qu’un brin de souplesse s’impose dans le calcul des dimensions : les « e » d’une police de labeur sont quatre-vingt-dix fois plus nombreux que les « w » et neuf fois plus nombreux que les « g » ; le cassetin des « e » est six fois plus grand que celui des « w », trois fois plus grand que celui des « g ».

Aujourd’hui, un anglicisme se répand, qui attribue à « casse » une acception nouvelle. Sous l’influence de change case, les francophones admettent que « changer de casse » signifie : passer du haut au bas de casse, et vice versa. Cette extension de sens et cet emploi sont parfaitement légitimes. En revanche, l’adoption de « sensible à la casse » (d’après case sensitive) est pour le moins discutable…


À Typographie, le 23 mars 1998.
B. LOMBART : Les minuscules sont le « bas de casse », et les majuscules le « haut de casse ». Mais quel est le terme générique pour dire : majuscule ou minuscule ? Dit-on : « Ce moteur de recherche prend en compte la casse » ? Ou « la hauteur de casse » ? Comment faut-il dire ?
T. BOUCHE : [« Casse » serait] une traduction de l’anglais case, c’est ça ? Certains répondront « oui » (certains parmi ceux-là diront : « D’ailleurs je le fais tous les jours »), mais je ne trouve pas ça satisfaisant.
« Changer de casse » est de nos jours assez répandu. C’est sans doute regrettable, mais qu’y faire ? Trouver mieux et l’imposer (je veux dire : l’introduire dans l’usage) ? C’est possible, souhaitable, mais c’est loin d’être fait… Qui se soucie aujourd’hui du fait que des minuscules accentuées comme à, è, ù, ê se situaient dans le haut de la casse […] ? Il y a belle lurette (en gros, depuis qu’il n’y a plus de casses) que ces signes appartiennent au bas de casse, qui regroupe, sans équivoque, toutes les minuscules.
T. BOUCHE : Au fait, quand Bringhurst parle de tricameral, je suppose qu’il renvoie à une étymologie latine. Y aurait-il un salut de ce côté-là ?
Là où je te suis, avec Bringhurst, c’est sur l’indispensable tricassité (minuscules/médiuscules/majuscules > bas de casse/petites caps/grandes caps) !

À Typographie, le 2 février 2001.
P. ANDRIES : J’aimerais avoir un petit mot pour désigner la casse des mots comme vederLa (en italien) ou McCormack (en anglais). Ils ne sont ni écrits en majuscules, ni en minuscules mais en…
Je ne comprends pas bien ta question.
D’abord (contrairement à b. de c., caps et petites caps), majuscules et minuscules ne sont pas des casses.
Question casse, quelle différence avec Mac-Mahon ou Mac Orlan ? Comme vederLa (c’est quoi ?) et McCormack, ces noms sont ici composés en b. de c. Il se trouve que leur catégorie leur fait prendre une majuscule, donc une cap initiale (ou non, pour le mystérieux vederLa), et que leur structure en impose une autre, interne.
La différence entre McCormack et Mac Orlan n’est pas affaire de casse mais de graphie. Le C de McCormack est incontestablement une majuscule (donc une cap) au même titre que le O de Mac Orlan. La soudure ou l’absence de soudure, le trait d’union ou l’absence de trait d’union ne changent rien à la « casse ». Sauf… sauf pour ceux qui soudent à tire-larigot et qui se trouvent bien démunis quand la saison du tout en caps est venue. Ainsi, McCormack ne peut-il devenir MCCORMACK et se compose-t-il plus clairement McCORMACK. Donc… le vrai problème de « casse » n’est pas celui que pose le C de Cormack… mais le c de Mc


Cathédrale Église


Caviarder

Supprimer un ou plusieurs éléments d’un ouvrage ou d’une publication. Cette « censure » s’effectue pour des motifs divers, volontairement ou par contrainte.
« Passer au caviar » évoque une pratique courante dans la Russie de Nicolas Ier : les censeurs appliquaient une couche d’encre noire et épaisse sur un fragment (ou la totalité) d’un texte, afin d’en interdire la lecture. Aujourd’hui, on caviarde plus discrètement.
Chacun ses goûts : à l’oral (théâtre, télévision, etc.), on ne caviarde pas, on sucre.


Cédille

Voici ce que proposait l’abbé de Petity (Petity 1766), prédicateur de la reine : « On pourroit encore tirer un autre service de la cédille en faveur des Enfans & des Étrangers, qui sont souvent embarassés sur la manière dont ils doivent prononcer le t dans certains mots ; ce seroit, d’appliquer ce signe à cette lettre, quand elle a la valeur du s ; comme dans les mots minutie, portion, faction, quotien, etc. par cet expédient, sa prononciation seroit réglée ; & l’on ne confondroit plus les cas, où elle a sa valeur naturelle ; comme dans les mots, partie, question, digestion, chrétien. Quand il en coûte si peu, pour rémédier à des imperfections ; c’est vouloir gratuitement les éterniser, que de les laisser subsister. ».
Un siècle plus tard, Didot 1868 soutiendra la même thèse.


Cent Mille, mil, millier.

Accord

Cent ne prend pas la marque du pluriel.

1. Au singulier…  : cent dix.
2. Lorsqu’il est ordinal : page deux cent (la deux centième page) mais deux cents pages ; en mille neuf cent (la mille neuf centième année de l’ère chrétienne) mais mille neuf cents francs.
3. Lorsqu’il est suivi d’un autre numéral : deux cent vingt-trois ; deux cent mille.

Attention à millier, million et milliard, qui ne sont pas des adjectifs numéraux mais des noms ; placé avant eux, cent prend la marque du pluriel : deux cents milliers de têtes de bétail, trois cents millions d’énergumènes, quatre cents milliards de spermatozoïdes. Mais : trois cent quarante millions de roupies, quatre cent cinquante milliards d’étoiles. (Deux cent trente-trois milliers serait ridicule et fautif, car milliers exclut toute précision.)


Expressions diverses

Des mille et des cents, les Cent-Jours, le Conseil des Cinq-Cents.


Césure Coupure, Division.

En français, césure désigne une coupure rythmique au sein d’un vers ou d’une phrase (éventuellement musicale). Et pas autre chose… Les éditeurs et les traducteurs de logiciels, quelques auteurs de manuels, des journalistes spécialisés n’en ont cure ou l’ignorent : ils désignent ainsi ce que les typographes et les grammairiens ont toujours appelé la division ou la coupure de mots en fin de ligne.
Académie 1994, Grevisse 1986, Frey 1857, Paput 1997, Richaudeau 1989.
Gradus 1980, Perrousseaux 1995, Typogr. romand 1993.


Chambre

La Chambre, la Chambre des communes (les Communes), la Chambre des députés, la Chambre des lords, la Chambre des pairs, la Chambre des représentants, la Chambre des requêtes.
Une chambre ardente, la chambre de commerce de Bordeaux (Lyon, Toulouse, etc.).


Championnat Manifestation sportive


Chapelle Monument


Chapitre

Abréviation : chap. (chapitre, chapitres).
•• Le mot chapitre ne s’abrège que dans les notes, les annexes, etc. Dans le texte courant, il ne s’abrège que dans les références situées entre parenthèses.
Lefevre 1883.


Numérotation

•• Dans le corps du texte, et selon la nature de celui-ci, les numéros de chapitres se composent soit en toutes lettres, soit en chiffres romains petites capitales : le troisième chapitre est assommant ; commentez la fin du chapitre IV.
••• Dans les références, ils se composent toujours en chiffres romains petites capitales : Id. chap. IV.
•• Dans les titres, ils se composent en chiffres romains grandes capitales, à l’exception du premier (si le mot chapitre figure dans le titre), composition centrée :

I
CHAPITRE PREMIER
II III
  CHAPITRE II     CHAPITRE III  


Typographie soignée

Les chapitres doivent commencer en belle page (page impaire).


Chasse, chasser Approche.

¶ Définitions

1. Acception première : la chasse est un excédent de composition non prévu : n’ayant pas trouvé de place disponible, des caractères ont été chassés de la ligne, des lignes ont été chassées de la composition. Les causes sont multiples : remaniements, ajouts, corrections, erreur d’appréciation du typographe, copie mal calibrée, emploi d’une police qui chasse beaucoup.
Pour corriger une chasse inopportune ou excessive, il faut gagner.
Druet & Grégoire 1976, Larousse 1933, Littré 1872, Robert 1985.

2. Par extension, épaisseur d’un caractère « typographique » (plomb). Les approches naturelles sont par nature incluses dans la chasse.
Académie 1994 s’y perd un peu et inverse les termes de l’extension de sens.

3. Aujourd’hui : largeur d’un signe typographique. Pour certains auteurs, les approches ne sont pas incluses dans la chasse, pour d’autres, elles participent à la chasse : cette divergence n’a aucune incidence pratique. Quelle que soit la définition retenue, il est évident qu’au sein d’une même police les divers signes chassent plus ou moins : image ! ! !. La chasse varie également avec la force du corps : image ! ! !.
Dans une même famille, des fontes chassent plus que d’autres :



Chasse interdite ?

Les logiciels permettent de jouer facilement avec la chasse. Pour la plupart des scripteurs, la manœuvre est inutile et risquée ; ses effets sont souvent désastreux. Tout abus est sanctionné par l’amoindrissement — voire par l’anéantissement — de la lisibilité des textes ainsi martyrisés.


Châtain Couleur.

« Elle s’appelait Virginie et elle était châtaine. »
Charles C
ROS, le Collier de griffes.

Châtain s’accorde en nombre : des cheveux châtains. Pour le genre, les avis sont partagés. Le féminin fut longtemps considéré comme irrégulier et inutile : châtain est dérivé de châtaigne, nom commun employé comme adjectif féminin. Cet argument n’a plus aucune justification : adjectif de couleur, châtaigne est devenu très rare et, contrairement à châtain, ne qualifie plus une chevelure (•• archaïsme délibéré chez quelques écrivains). Il demeure toutefois que le féminin châtaine(s) n’a rien de particulièrement séduisant : {une chevelure châtaine, des femmes châtaines}. Affaire de goût… On peut préférer : une chevelure châtain, des femmes châtains (ou châtain, si l’on appartient au dernier carré des tenants de l’invariabilité en genre et en nombre).
(Invariable en genre) Larousse 1999.
(Féminin facultatif ou déconseillé) Colin 1994, Français contemp. 1992, Lexis 1989, Robert 1993.
(Féminin conseillé ou obligatoire) Académie 1994, Girodet 1988, Hanse 1987, Larousse 1933, Thomas 1971.


Château Monument


Cheminée Lézarde


Chiffres Cent, Mille, mil, millier, Nombre, Zéro.

Les chiffres français se fondent harmonieusement dans le gris du texte : .
Ce n’est pas le cas des chiffres anglais :  



 


Il existe des partisans du « tout en chiffres ». Leur argumentation mérite qu’on s’y attarde. L’astuce consiste à faire accroire que « les autres » sont d’incurables crétins partisans du « tout en lettres ». Voici un passage intitulé « Chiffres ou lettres », extrait de Richaudeau 1989 :
« “Deux mille un, l’odyssée de l’espace”
« “2001 l’odyssée de l’espace”
« Comme les responsables du célèbre film ont eu raison de composer le millésime en chiffres arabes et non en signes alphabétiques. Mais pourquoi cet exemple n’est-il pas généralisé, pourquoi les nombres sont-ils presque toujours imprimés en lettres et non en chiffres ? »
À l’exception des notaires et des poètes, tout le monde écrit et compose les années (dates) en chiffres arabes (voir : An, année). L’exemple, déjà « généralisé », est mal choisi, d’autant que 2001 n’est pas un millésime (voir : Millésime). D’autant que le titre français du film de Stanley Kubrick est 2001, l’Odyssée de l’espace. Poursuivons notre lecture :
« Quelle curieuse évolution historique dans la composition de :

« 1.   M D C C L X X X I X   10  signes
« 2.   1 7 8 9  signes
« 3.   mille sept cent quatre-vingt-neuf   28  signes [sic]
« Quelle économie de place en 2.
« Quelle perception plus simple.
« Quel temps de lecture plus court : de l’ordre de 1/
10e [sic] de seconde pour un lecteur moyen au lieu de 1/4 de seconde en 1 et 3/4 de seconde en 3.
« Avez-vous tenté de résoudre l’opération la plus élémentaire : addition ou multiplication en substituant aux chiffres des mots ? Vous n’y parviendrez pas. Sans l’emploi de ces symboles universels que sont les chiffres, les mathématiques et les sciences exactes en seraient encore le plus souvent à un stade sommaire. Imprimons les nombres rationnellement, économiquement, fonctionnellement : en chiffres. »
Passons sur l’aspect « épistémologique » de la démonstration et proposons une expérience aux spécialistes en lisibilité :
A. 6 000 000 000.
B. Six milliards.
Et, à mauvaise foi égale, écrions-nous : « Quelle économie de place en A ? Quelle perception plus simple ? » À moi, comte, [2] mots ! La typographie lisible se met sur son [31].


Dessin
et histoire du dessin des chiffres

À Typographie, le 13 octobre 1997.
J. ANDRÉ : On parle de la queue du 9. Comment appelle-t-on le contraire pour le 6, c’est-à-dire ce qui correspond en gros à la hampe du f ?
Bien qu’il soit admis (aujourd’hui… c’est récent) avec cette acception dans les dictionnaires de la langue et dans de nombreux ouvrages consacrés à la typographie, je ne suis pas très séduit par l’emploi de « queue » dans l’architecture de la lettre. C’était et c’est un terme relatif à la composition (fin de page laissée en blanc).
Il me semble que le 9 (longue du bas dans les chiffres elzéviriens) a une hampe (certes courbe, mais pas plus que celle de certains g italiques) descendante ; le 6 (longue du haut), une hampe ascendante.
Même si c’est un peu discutable (en principe, les hampes descendantes descendent sous la ligne de base…), cela peut s’appliquer aussi aux chiffres dits anglais. Par analogie…
On a d’ailleurs le même problème si, par exemple comme le Robert, on retient « queue » pour désigner strictement la portion de la hampe qui descend sous la ligne de base… Comment parler de « queue » à propos du 9 anglais ?… Par parenthèse, cette difficulté terminologique montre à quel point les chiffres « calibrés » sont autant de cheveux sur la soupe des lettres…
Certains auteurs adoptent « queue » pour désigner une terminaison quelconque de trait, voire un trait accessoire. On peut dès lors parler de queues ascendantes, descendantes, horizontales, obliques, etc. En dépit de ma remarque initiale (que je suis prêt à qualifier de dérisoire et qui sent un peu la naphtaline) sur la double acception, cette extension de sens me semble intéressante.
Si on la retient, rien n’interdit de parler de la queue du 6, ce qui rejoindra une symbolique presque aussi vieille que ce chiffre (il faudra éventuellement songer à débaptiser sa « panse »).

À Typographie, le 11 mars 1998.
J. ANDRÉ : Pourquoi nous, Français, mettons une barre au 1 qui ne se confond plus avec le 7 (barré en français) et pourquoi les Anglais dessinent-ils le 1 comme un i ou un l, et le 7 comme un 1 ?
Là, c’est plus vraiment de la typo, mais de la calli…
Les linéales dont les 1 reprennent la graphie manuscrite minimaliste des Anglo-Saxons sont (scusez…) extrêmement rares. Encore heureux : outre le I (i cap) et le l (L b. de c.), elles se retrouvent avec un troisième signe quasi identique (1, un).
Y a le Gill, évidemment… très beau, mais mieux vaut ne pas avoir à composer un machin abrégé relatif à la première illustration :
Pareil pour les 7 barrés… Je n’ai pas cherché à en débusquer, mais, a priori, ils ne courent pas les polices, même les scriptes et les manuaires. Sur le même sujet… les polices empattées ne sont pas entièrement à l’abri du danger : le elzévirien ressemble parfois furieusement au petite cap…

À Typographie, du 5 au 27 novembre 1998.
M. BUJARDET : En tradition anglo-saxonne, qui domine aujourd’hui largement les polices de caractères industrielles, les chiffres « à l’ancienne » sont ainsi présentés : 1, 2 et 0 ont la taille et la position des bas de casse. 3, 4, 5, 7 et 9 ont la taille des capitales, mais le haut des lettres est aligné sur les bas de casse. 6 et 8 ont la taille et la position des capitales.
À mon avis, c’est cela la tradition française… À moins que les typographes français de la Renaissance ou du Grand Siècle n’aient été anglo-saxons sans s’en douter… Elle remonte d’ailleurs encore plus haut dans le temps, bien avant Gugutte…
M. BUJARDET : D’après Matthew, la tradition française serait différente, notamment concernant le 3 et le 5.
Ce qui est vrai, c’est qu’il y a des variantes (regrettables…). La plus répandue (surtout dans les didones et les modernes
XIXe-début XXe) est sans doute celle-ci :
 : hauteur d’x ;
 : hauteur et position des grandes caps ;
 : hauteur des caps, haut aligné sur celui des bas de casse.
Dans des sous-variantes, elle devient parfois hideuse (par exemple dans le Didot millimétrique) à cause du  : hauteur du corps, ou peu s’en faut…
T. BOUCHE : […] Le 1 n’est pas autre chose qu’un I petite cap…
En romain, et encore pas toujours. Regarde une belle police elzévirienne de très près : tu verras que (souvent) l’empattement du chiffre b. de c. est plus long que celui de la voyelle petite cap. Bon, ça joue à un poil de c…, mais ça joue…
T. BOUCHE : En particulier, pourquoi le zéro n’hérite-t-il pas de l’axe et des pleins & déliés du caractère environnant ?
Pour au moins deux bonnes raisons (a posteriori…). D’abord, justement, pour qu’il ne soit pas confondu avec le « o » (lettre) bas de casse… Ensuite, le « 0 » (zéro) cap rom. a généralement un axe vertical (même dans les humanes et les garaldes), son petit frère (même si c’est l’aîné…) n’a aucune raison de faire le zouave… D’autant que la question de l’axe ne se pose pas que pour le zéro…
Par ailleurs, regarde encore une fois de plus près… Dans de nombreuses bonnes polices elzéviriennes d’hier et d’aujourd’hui, le zéro b. de c. a des pleins et des déliés, certes imperceptibles à l’œil nu dans les petits corps, certes beaucoup moins marqués que dans la voyelle b. de c., mais ils sont là ! Il est vrai que, par exemple, quelques antiques merveilles de l’I.N. (Garamond, Grandjean…) et quantité de clones approximatifs ont un zéro b. de c. invraisemblable (cercle filiforme, pauvret, lamentable…).
Comme toi, je trouve cela très mystérieux… Existait-il dans les poinçons d’origine ?
T. BOUCHE : Je me souviens en particulier d’un texte de Jérôme Peignot qui m’avait beaucoup intrigué, car il laissait entendre que les chiffres elzéviriens avaient été inventés par les imprimeurs bien après que la gestion des types eut été mise au point ; et que leur forme avait été déterminée pour l’imprimerie, et non par analogie avec une graphie manuscrite (premier exemple, dans ce cas, d’une création synthétique et non analogique — mais le texte auquel je fais référence m’avait assez peu convaincu, tant il mélangeait les époques et les références de façon anachronique).
Mouais… rendons à nos membres souplement articulés ce qui leur revient : si par exemple le 3 et le 9 terminent leur course sous la ligne de base, c’est parce que la main a été entraînée dans ces parages… Il suffit de regarder certains manuscrits
XIIIe-XVe siècle) pour le constater… ou, plus simplement, d’écrire en toute décontraction nos dix chiffres (pour que l’expérience soit probante, tracez deux lignes parallèles, distantes de 2,5 mm… et écrivez rapidement entre ces rails : il y a gros à parier que vous ne serez pas loin des elzéviriens).
Pour en revenir au ridicule zéro élzévirien que l’on rencontre dès l’origine, même chez les meilleurs… Un échange privé avec T. Bouche (à propos du texte de Peignot) me fait penser à ceci : ne serait-ce pas une volonté de rester plus ou moins fidèle à l’aspect réellement riquiqui du zéro arabe, qui n’est qu’un point, après tout, parfois un minuscule cercle sans ambition, enfin un petit machin mesquin (même si son rôle est énorme…), d’un poids dérisoire à côté de celui des neuf autres membres de la bande ?
Quelqu’un connaît-il une source où cette hypothèse serait sérieusement étayée ? (Pas la filiation… mais la nette volonté de ne pas accorder trop de poids graphique au zéro elzévirien !)



Chiffres romains Chiffres.

Emploi

••• En français, les chiffres romains ne peuvent être utilisés que dans l’expression de nombres ordinaux (ou assimilables à des ordinaux) : VIe arrondissement, XXe siècle, Louis XIV (le quatorzième), tome V (cinquième tome), MDCL (la mille six cent cinquantième année après la naissance du Christ), etc.
Frey 1857.
Écrire [XV de France], [rugby à XV], [jeu à XIII] est une faute grave, car ce quinze et ce treize sont définitivement cardinaux. > Quinze de France.
Grandes capitales. Divisions principales : millénaires, actes.
Petites capitales. Divisions secondaires : siècles, scènes.
Bas de casse.Lorsque le dernier signe est l’unité, on remplace i par j. i, ij, iij, vj, vij, viij.
En italique, v était parfois remplacé par u : xxuij (27).
Denis 1952, Frey 1857.
Remarque. — Dans un tableau, dans une table des matières, les chiffres romains s’alignent verticalement à gauche.
Impr. nat. 1990.

1    I       31    XXXI       121    CXXI       1 300    MCCC
2
II
39
XXXIX
129
CXXIX
1 450
MCDL
3
III
40
XL
149
CXLIX
1 500
MD
4
IV
41
XLI
150
CL
1 515
MDXV
5
V
49
XLIX
151
CLI
1 600
MDC
6
VI
50
L
159
CLIX
1 650
MDCL
7
VII
51
LI
160
CLX
1 700
MDCC
8
VIII
59
LIX
199
CXCIX
1 789
MDCCLXXXIX
9
IX
60
LX
200
CC
1 800
MDCCC
10
X
61
LXI
220
CCXX
1 801
MDCCCI
11
XI
69
LXIX
300
CCC
1 848
MDCCCXLVIII
12
XII
70
LXX
400
CD
1 870
MDCCCLXX
13
XIII
71
LXXI
500
D
1 900
MCM
14
XIV
79
LXXIX
600
DC
1 901
MCMI
15
XV
80
LXXX
700
DCC
1 910
MCMX
16
XVI
81
LXXXI
800
DCCC
1 914
MCMXIV
17
XVII
89
LXXXIX
900
CM
1 939
MCMXXXIX
18
XVIII
90
XC
999
CMXCIX
1 968
MCMLXVIII
19
XIX
91
XCI
1 000
M
1 990
MCMXC
20
XX
99
XCIX
1 001
MI
2 000
MM
21
XXI
100
C
1 050
ML
2 001
MMI
29
XXIX
101
CI
1 100
MC
2 500
MMD
30
XXX
111
CXI
1 200
MCC
3 000
MMM


Chimie Abréviation.

••• Les symboles chimiques prennent toujours la majuscule initiale et se composent en romain : C, Ca, Cd.
••• Ils ne sont jamais suivis du point abréviatif.
••• Ils ne sont (hélas…) jamais accentués : Be pour « béryllium », Ne pour « néon ».
••• Ils ne s’emploient jamais hors des formules : la molécule d’eau est composée d’un atome d’oxygène et de deux atomes d’hydrogène. « Qu’est-ce que vous buvez ? — H2O… — C’est bon ? — Non. »
••• Dans les formules, les symboles sont accolés sans espace.
Larousse 1985 : « La célèbre synthèse de l’urée est une réaction d’isomérie avec le cyanate d’ammonium, tous deux répondant à la formule CON2H4. »
••• Contrairement à la plupart des « abréviations » scientifiques, les symboles chimiques s’épellent : Cu ne se lit ni cuivre ni cu mais céhu.
Classement alphabétique des formules (index, tableaux, etc.) : chaque élément doit être considéré comme un mot.
Les symboles des éléments sont formés à partir de racines latines (comme ferrum) ou grecques (comme astatos ou iôdês), ou de bidouillages perpétrés sur des langues diverses (allemand, arabe, etc.) dans le latin des alchimistes (bisemutum, borax) et le gréco-latin d’arrière-cuisine des chimistes (tantalum, technétium). Cobalt, nickel, tungstène, wolfram, zinc sont issus de langues germaniques. Comme les chimistes du Nord ne sont guère favorisés par les racines grecques et latines, on leur accorde volontiers cette compensation.
Remarquons cependant qu’en français le wolfram (minerai de tungstène) n’est pas du tungstène et que l’ancien usage du symbole Tu a été inconsidérément abandonné.
Quelques symboles ne coïncident pas avec le nom français des éléments. Leur origine est précisée ici entre parenthèses : l’antimoine (stibium) Sb, l’azote (nitrogène) N, l’étain (stannum) Sn, le mercure (hydrargyrum) Hg, l’or (aurum) Au, le potassium (kalium) K, le sodium (natrium) Na, le tungstène (wolfram) W.
Code typ. 1993 [berkelium] ; Doppagne 1991 {lutetium}.
Certains éléments ont changé de nom (et en conséquence de symbole). Les formes vieillies ne doivent plus être employées.
Exemples : [colombium (Cb)] > niobium (Nb) ; [glucinium (Gl)] > béryllium (Be). Regrettons-le pour [tungstène (Tu)]…
Doppagne 1991.


Symboles des éléments


1. Ou astatine.
2. Ou cæsium.
3. Ou E.
4. Ou nielsbohrium : Ha (nom de l’élément de numéro atomique 105). On peut, avec les poètes de l’I.U.P.A.C., préférer unnilpentium (Unp)…
5. Nom donné par les Russes à l’élément de numéro atomique 104, que les Américains appellent rutherfordium (Rf). Les normalisateurs de l’I.U.P.A.C. (International Union of Pure and Applied Chemistry) recommandent unnilquadium (Unq)…
6. Ou Lw.
7. Ou Mv.
8. Ou prométhium.
9. Élément atomique de numéro atomique 106. Suite logique (numéros 107 à 109) : unnilseptium (Uns), unniloctium (Uno), unnilennium (Une).

actinium    Ac    einsteinium 3    Es    mendélévium 7
Md    ruthénium Ru
aluminium
Al
erbium
Er
mercure
Hg
samarium Sm
américium
Am
étain
Sn
molybdène
Mo
scandium Sc
antimoine
Sb
europium
Eu
néodyme
Nd
sélénium Se
argent
Ag
fer
Fe
néon
Ne
silicium Si
argon
Ar
fermium
Fm
neptunium
Np
sodium Na
arsenic
As
fluor
F
nickel
Ni
soufre S
astate 1
At
francium
Fr
niobium
Nb
strontium Sr
azote
N
gadolinium
Gd
nobélium
No
tantale Ta
baryum
Ba
gallium
Ga
or
Au
technétium Tc
berkélium
Bk
germanium
Ge
osmium
Os
tellure Te
béryllium
Be
hafnium
Hf
oxygène
O
terbium Tb
bismuth
Bi
hahnium 4
Ha
palladium
Pd
thallium Tl
bore
B
hélium
He
phosphore
P
thorium Th
brome
Br
holmium
Ho
platine
Pt
thulium Tm
cadmium
Cd
hydrogène
H
plomb
Pb
titane Ti
calcium
Ca
indium
In
plutonium
Pu
tungstène W
californium
Cf
iode
I
polonium
Po
unnilhexium 9 Unh
carbone
C
iridium
Ir
potassium
K
uranium U
cérium
Ce
kourtchatovium 5
Ku
praséodyme
Pr
vanadium V
césium 2
Cs
krypton
Kr
prométhéum 8
Pm
xénon Xe
chlore
Cl
lanthane
La
protactinium
Pa
ytterbium Yb
chrome
Cr
lawrencium 6
Lr
radium
Ra
yttrium Y
cobalt
Co
lithium
Li
radon
Rn
zinc Zn
cuivre
Cu
lutécium
Lu
rhénium
Re
zirconium Zr
curium
Cm
magnésium
Mg
rhodium
Rh


dysprosium
Dy
manganèse
Mn
rubidium
Rb



Cicéro Mesure typographique.

Larousse 1992 (entrée [cicero] ; «  cicéro » à l’article « Douze ») : « Épaisseur de douze points typographiques, qui sert d’unité de longueur en imprimerie. Syn. : douze. »
Robert 1985  : « Caractère d’imprimerie de douze points typographiques, soit 4,5 mm (unité de mesure typographique). »


Circonscription universitaire Académie


Citation Épigraphe, Guillemet, Italique.

« Pas trop de citations d’anglais, d’italien,
d’espagnol. Tu as l’air d’un larbin d’hôtel qui colle
des étiquettes sur des bagages. »
Léon-Paul F
ARGUE, Suite familière *.

« L’aphorisme : c’est
LA citation par définition
pour le monde universitaire — mais de l’aphorisme
à la connerie, il n’y a que la minceur du temps. »
Yak R
IVAIS, les Demoiselles d’A.

Vocabulaire

Une citation n’est pas nécessairement un extrait.
Exemples. — Il citait souvent cette phrase de Picabia : « Si vous voulez avoir des idées propres, changez-en comme de chemise. »
« Les répliques célèbres comme “Sans dot”, ou, sur le cœur à droite : “Nous avons changé tout cela”, ou bien l’ironique : “Des mots, des mots, des mots”, sont fort difficiles à dire. » – A
LAIN, « le Comédien », Propos.


Citation dans la citation

« Un jour de l’an passé, sur le pont des Arts, quelqu’un de mes confrères de l’Institut se plaignit devant moi de l’ennui de vieillir. “C’est encore, lui répondit Sainte-Beuve, le seul moyen qu’on ait trouvé de vivre longtemps.” J’ai usé de ce moyen, et je sais ce qu’il vaut. » – Anatole FRANCE, le Crime de Sylvestre Bonnard.


Références

Dans les ouvrages sérieux, l’équité n’a pas sa place ; l’anonymat est parfois nécessaire. On peut le regretter :
« Puisque les légumineuses sont phosphatées, quelle raison avait Franklin de plâtrer la luzerne ? [Marie P., quarante-cinq ans, institutrice. — Démence précoce. — Écrit spontané.]  » Citation empruntée au [Dr J. R. de F.], ancien chef de clinique à la faculté de médecine de [P]., « Écrit prémédité », les Écrits et les Dessins dans les maladies nerveuses et mentales.
Joseph Rogues de Fursac avait un nom en 1905, mais Marie, auteur d’une si belle phrase, n’aura jamais qu’une initiale derrière son prénom.


Fausses citations

Elles méritent d’être traitées comme les vraies. Singulièrement les « vraies-fausses », dont le modèle, insurpassable, est dû à Tristan Corbière (épigraphe de « Ça ? », les Amours jaunes) :
« “What ? …”
S
HAKESPEARE »
Les citations « fabriquées » sont moins subtiles mais parfois drôles. Deux exemples empruntés à Alexandre Breffort : « Zut ! j’ai loupé ma correspondance ! » (Madame de Sévigné.) « Tout le monde descend ! » (Charles Darwin.)


Citation mise en exergue, voir : Épigraphe.


I. Guillemets « continus »
et citations dans une citation

À Typographie, le 6 mai 1997.
M. ANDRÉANI : Je trouve très commode dans les dialogues sur courrier électronique le signe > qui apparaît en tête de ligne lorsqu’on cite un interlocuteur […]. Existe-t-il un équivalent typographiquement correct ? Quel est le bon goût en ce domaine, si tout un paragraphe doit être immédiatement vu dans une page comme une citation ?
T. BOUCHE : L’exact équivalent existe, quoique légèrement désuet : mettre un guillemet ouvrant en début de ligne tant que la citation dure. Une version plus soft est de reprendre ce guillemet en début d’alinéa (mais pas à chaque ligne).
Pas exactement. Les guillemets (ouvrants, mais pour certains typographes fermants) au début de chaque ligne n’indiquent (n’indiquaient ?) que les citations secondaires (citation dans une citation). Pour les citations principales, on se contente de guillemets ouvrants au début de chaque alinéa.

À Typographie, le 28 avril 1998.
M. BOVANI : Je préfère quant à moi les guillemets ouvrants [dans ce cas d’une citation dans une citation], peut-être juste par habitude, et je ne vois pas de raison qui justifie une solution plutôt que l’autre…
Aïe ! Ça n’a pas traîné, t’es sans pitié (je suis déjà en retard !)…
Bon… en deux mots : dans ce rôle, je préfère les guillemets fermants car ils sont moins ambigus que leurs frères. Là où ils sont, ils ne peuvent rien fermer (alors que les guillemets « ouvrants » peuvent être perçus comme tels) ; par conséquent, ils peuvent se consacrer entièrement à leur petit rôle d’indication marginale ! (C’est ma préférence, mais ce n’est pas mon argument : celui-ci est aussi vieux que les guillemets continus…)
De toute façon, fermants ou ouvrants, les pauvres guillemets de citation seconde sont hélas tombés en désuétude… On comprend pourquoi… La moindre modif (par exemple, une recherche remplacement automatique…) peut foutre un bordel noir…

À Typographie, le 29 octobre 1998.
J. MELOT : Il est vrai que des guillemets (français) à l’intérieur de guillemets de même nature peuvent choquer, surtout s’ils sont rapprochés. L’anglais a la solution du guillemet (anglais) simple à l’intérieur des guillemets anglais (pleins, ou, improprement, doubles). J’aimerais connaître la position de Jean-Pierre Lacroux sur ce point.
Elle est banale… mais pas très simple… Je résume un max…
1. Les guillemets ne servent pas qu’à encadrer les citations… mais c’est surtout des citations qu’on cause ici et singulièrement des citations enchâssées.
2. Pour les baliser, il existe deux (pour simplifier) méthodes. L’une est traditionnelle et très belle (si on la maîtrise…) ; l’autre est moderne et très pratique (ce qui n’est pas rien). Hors contexte, il n’y a pas à choisir, car, selon la nature des textes à composer, l’une est préférable à l’autre…
3. La première (retenue par l’I.N… mais de façon très partielle, très insuffisante…) consiste à n’utiliser que des guillemets dits français.
4. La seconde hiérarchise deux et éventuellement trois sortes de guillemets (« français », “anglais”, ‘faux allemands’).
5. Avis personnel… Dans la méthode hiérarchique, le troisième niveau est le plus souvent inutile. Le recours (même abusif) à l’ital l’élimine avec élégance.

À Typographie, du 10 au 19 novembre 1998.
P. CAZAUX : Jean-Pierre Lacroux disait : « Les guillemets continus ». Qu’est-ce que tu entends au juste par là ? (Oui, je sais, par là t’entends pas grand-chose…) Mais encore ?
Je vais te le dire :
« J’entends un truc qui ressemble à « la prise de la
» smala d’Abd-el-Kader en 1843
» par les troupes du prince
» d’Aumale », ce qui n’est effectivement pas grand-chose. »
You see, les petits guillemots qui volent à tire-d’aile le long de la marge s’appellent depuis bien longtemps des guillemets continus…
T. BOUCHE : Un léger différend apparaît entre Olivier Randier et moi-même quant à la cruciale question des « guillemets continus » chers à notre J.-P. L.
Ma lecture du Maître est la suivante :
Par exemple : « Il a dit : « mon père
» bla bla bla bla bla bla bla bla bla
» bla bla bla bla bla bla ».
Tandis que celle d’Olivier :
Par Belenos : « Il a dit : « mon père »
« disait que bla bla bla bla bla bla »
« bla bla bla bla bla bla bla ». […]
Ô Maître, merci de nous extraire de l’erreur dont nous sommes enduits !
Je te reconnais bien là, fidèle disciple : ta lecture est la plus proche de la Vérité. Hélas, la perfection n’est pas de ce monde, même chez les meilleurs, et ton point final hors guillemets me fout grandement les boules.
Je préfère ceci :
Par exemple : « Il a dit : « Mon père
» disait que bla bla bla bla bla bla
» bla bla bla bla bla bla. »
Dans ton exemple (vicieux), le dernier guillemet ferme à la fois la citation de premier niveau et la citation seconde.
Autre exemple, maybe plus clair :
Un mot pour : « Bla bla bla bla bla
bla bla bla, et il a dit : « Mon père
» disait que bla bla bla bla bla bla
» bla bla bla bla bla », ce qui prouve
que son papa blaguait. »


II. Ponctuation et citations

À Typographie, du 8 au 17 mars 1999.
J.-D. RONDINET : Ça donnerait : Louis XIV a écrit : « L’État, c’est moi » (Libération, 2 mai 1713).
Éventuellement. Dans le cas où, le 2 mai 1713, Lib[ér]ation aurait publié ceci : « L’État, c’est moi. » en attribuant, d’une façon ou d’une autre, cette formule à Louis XIV.
J.-D. RONDINET : Mais nous éviterons : Louis XIV a écrit : « L’État, c’est moi. » (Libération, 2 mai 1713.)
Tiens… pourquoi éviter le meilleur ?
Dans le cas où, le 2 mai 1713, Lib[ér]ation aurait précisément publié ceci : Louis XIV a écrit : « L’État, c’est moi. »
J. ANDRÉ : Histoire de compliquer un peu : s’il s’agit d’un titre, on ne met pas de point à la fin. Donc si on cite le titre, on écrit : Louis XIV a écrit : « L’État, c’est moi ». Avec un point extérieur ? Où est alors le meilleur ?
Le meilleur, c’est l’ital, sans guillemets, sans deux-points… puisque c’est un titre. Simple…
J.-D. RONDINET : Pourquoi veux-tu « respecter » ce point à tout prix dans ce contexte, alors que tu le sauterais sans état d’âme dans : « L’État, c’est moi », a dit Louis XIV. Ou dans : « L’État, c’est moi » : Louis XIV le dit. Ou dans : Qui a écrit « L’État, c’est moi » ? Qu’est-ce qui est si important dans cette ponctuation-là ?
Mais… mais… ces exemples (irréprochables…) n’ont rien à voir avec le précédent… qui attribuait la publication d’une citation (d’un mec, Louis XIV) à une source (différente : Lib[ér]ation, 2 mai 1713).
Ce qui me semble important, c’est de baliser avec précision :
a) ce qui est attribuable au mec en question (facile) ;
b) ce qui revient à la source qui reprend ce qu’a dit le mec ;
c) ce qui appartient au gugusse qui fait référence à une source citant un mec…
Comme tu le sais, le point b) passe souvent à l’as au profit du point c)… C’est comme ça que se fabriquent beaucoup de livres… Bé, j’aimions point trop ça… C’est très chiant à débusquer ces saletés. C’est même souvent impossible (faute de temps, de moyens… et, bien sûr, de volonté). Voilà pourquoi j’accorde de l’importance à des broutilles ponctuationnelles.
P. JALLON : Le point final serait l’exception qui confirme la règle : s’il termine effectivement la phrase citée, il se met avant le guillemet fermant.
Oui… avec des nuances. Il faut aussi que la citation ait commencé par le premier mot d’une phrase (la même ou une précédente…), bref, que la citation soit composée de phrases complètes.
Et encore… être complet et final ne suffit pas toujours… Faut aussi être intègre (en soi, donc pas nécessairement fidèle…) et indépendant (pas être à la remorque de machins trop intégrés).
[Exemple :] Dieu dit : « Que la lumière soit », et la lumière fut. — Selon Jérôme, Dieu aurait dit : « Fiat lux ! », et, surprise, « la lumière fut ».
Dans l’exemple précédent, « la lumière fut » achève la phrase citée et la phrase dans laquelle elle s’inscrit, et pourtant le point final est chassé de l’Éden guillemétique.
Sauvons-le : Au commencement, nous lisons : « Dieu dit : “Que la lumière soit”, et la lumière fut. »
Autres exemples… Pour lui, « tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux ». Il a dit : « Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. »
P. CAZAUX : … Et quand il m’a crié « Je vous aime ! » j’ai cru défaillir.
Oui… mais de bons (quoique surponctueurs) auteurs préconiseraient plutôt ceci : […] Et, quand il m’a crié « Je vous aime ! », j’ai cru défaillir.
Cas très différent de : « Je vous aime ! » hurla-t-elle. Je défaillis, ou peu s’en fallut.
J. TOMBEUR : Blague (douteuse) à part, j’aimerais mieux : Et j’ai cru défaillir lorsqu’elle m’a crié : « Je vous aime ! » […]
La formule que j’ai l’air de défendre est surponctuée (il me semble l’avoir précisé), et je n’ai pas critiqué celle-ci : […] Et quand il m’a crié « Je vous aime ! » j’ai cru défaillir. J’ai simplement voulu illustrer le fait que la séquence point d’exclamation-guillemet-virgule est envisageable, possible, correcte. Lourde si tu veux, mais correcte. Par ailleurs, je te signale que ta formulation est assez peu réaliste… En dépit des apparences, elle est beaucoup plus complexe que la mienne et met en œuvre une chronologie à rebours.
J. TOMBEUR : Bref, je crois profondément qu’il est possible d’imaginer différentes modalités d’expression en jouant sur la ponctuation.
C’est certain. Encore faut-il connaître les règles du jeu. Pas de quiproquo ! Je ne dis pas qu’il faut nécessairement respecter les règles. Je pense même le contraire : connaître la règle du jeu est indispensable pour bien l’enfreindre, pour bien tricher. Tu sais, la plupart des prétendues « modalités d’expression » sont de simples fautes. Surtout dans les textes où « expression » est un bien grand mot… c’est-à-dire dans 99,999 % des textes.
J. TOMBEUR : Quant à imaginer que le lecteur les perçoive à l’identique, c’est une tout autre histoire…
Il faut faire confiance aux lecteurs (il y a parmi eux des types assez fins). C’est des auteurs qu’il faut se méfier…
P. JALLON : En effet, je trouve peu élégant le schéma qui consisterait à écrire comme suit : « Phrase 1. Phrase 2. Phrase 3 » (Auteur, Référence).
C’est plus qu’inélégant… c’est malencontreux.
Attention ! Ceci est correct : Blabla « blabla » (Référence).
Le pis, c’est évidemment : « Blabla (Référence). »
La règle peut se résumer (bêtement) ainsi : « Blabla. » (Référence.) Blabla.
Les cas particuliers sont nombreux, mais aucun n’est bien méchant.
Exemples : Blabla : « Blabla » (Référence), blabla. Blabla : « Blabla « bla » (Référence), blabla « bla » [Référence], blabla. » (Référence.)
Ces pinailleries formalistes sont finalement très soixante-huitardes… puisqu’elles visent à répondre au célèbre : « D’où tu parles, toi ? »
J. DRILLON : On devrait pouvoir écrire : Il a dit : « Je viens. » ! Ou : A-t-il dit : « Je viens. » ? Vœu pieux…
Vœu impie… Le chemin de la « logique graphique » est séduisant mais où nous conduira-t-il ? Je redoute ceci, qui répond me semble-t-il au même souci : « Je viens. » dit-il. Il a dit : « Je viens. » et il n’est pas venu. Elle a dit « Je viens. » puis, se ravisant, « Non, pas encore. »
Je ne crois pas que les lecteurs aient besoin d’un tel surcodage. Dans certains cas, le souci logique de l’auteur est sans espoir. La double interrogation, par exemple, n’a pas à être impérativement signalée pour être perceptible. Comment ferait-on à l’oral ? Le problème orthotypographique est de bien choisir l’emplacement du point d’interrogation.
Quand l’ambiguïté ne peut être levée que par une profusion hideuse et proprement « illogique » de signes de ponctuation, y a pas de mystère : la phrase est mal foutue, faut la récrire…
Je suis certain que nous sommes d’accord sur ce point… Ne tripotons pas les conventions typographiques dans l’unique dessein de fournir des béquilles aux maladroits.
P. JALLON : Patrick Cazaux a-t-il écrit « A-t-il dit : « Viendrai-je ? » ? » ?
Salaud ! t’as été rapide sur ce coup… « Pas mieux », comme on dit dans un jeu à la con !
Bravo ! Je te pardonne tout, même l’OUA !
Quand même… tu m’expliqueras un jour si ta marche est aussi assurée dans un titre en grandes caps, du genre : « L’OUA DIT OUI ».
(T’as remarqué ? C’est un exemple où le point final est étrange…)

À Typographie, le 21 janvier 2001.
T. BOUCHE : Je viens de taper cette phrase : Je lis ailleurs que « les préoccupations de l’association GUTenberg ont évolué du support aux utilisateurs de LaTeX vers une « évangélisation de XML ».
Je me pose des questions sur la place du point. Si j’avais utilisé le système “ ”, ça aurait donné ceci : Je lis ailleurs que « les préoccupations de l’association GUTenberg ont évolué du support aux utilisateurs de LaTeX vers une “évangélisation de XML”. » Le point est à l’intérieur du guillemet de premier niveau, mais à l’extérieur du second.
Que doit-on faire quand on identifie les deux derniers guillemets, alors qu’ils ne devraient pas être du même côté du point ?
À la Drillon ? « Évangélisation de XML ».  » ?
Comme cela a déjà été dit (par Gilles Perez), le point final est à l’extérieur des deux guillemets (séparés ou confondus…) dans ton exemple.
Passons donc directement au « système attribué à Drillon » et voyons où il nous conduit : « Que penser d’une phrase telle que « Je lis ailleurs que « les préoccupations de l’association Gutenberg ont évolué du support aux utilisateurs de LaTeX vers une « évangélisation de XML ».  »  ?  » Des pratiquants ?

À Typographie, le 13 août 2001.
T. BARUCHEL : Ma femme se trouve confrontée au problème suivant (dans son travail de D.E.A.) : Machin a écrit ceci : « Ceci est une phrase complète. » (On la lit dans : Machin, Titre, p. 29 sq.). Ceci est une deuxième phrase.
Qu’il y ait trois points me choque.
Vous avez raison, il y en a un de trop… non parce qu’ils sont trois… parce que l’un d’eux est fautif : Machin a écrit : « Ceci est une phrase complète. » (On la lit dans : Machin, Titre, p. 29 sq.) Ceci est une deuxième phrase.
T. BARUCHEL : Le premier est mis car il fait partie de la citation (peut-on le supprimer, alors que la phrase est citée en entier ?).
Il ne faut surtout pas le supprimer.
T. BARUCHEL : Le second est obligatoire (abréviation).
Oui.
T. BARUCHEL : Le troisième est là, car cela me choquait de fermer une parenthèse et de tout de suite mettre une majuscule ; mais peut-être ai-je tort.
Oui, vous avez tort… (À dire vrai, ce qui me choque le plus, c’est votre pédant « sq. »…)
D. WYART : Après réflexion, cela semble effectivement mieux, mais je ne saurais pas l’expliquer. Pourriez-vous détailler le pourquoi de la chose ? (S’il y en a un…)
C’est très simple, comme toujours en pareil cas.
1. Reprenez la formule que je déclare fautive…
2. Éliminez la parenthèse.
3. Observez la ponctuation que vous avez sous le nez.
(Je sais, certains amateurs de lourde redondance et de « logique » grammaticale préconisent ces atrocités…)
D. WYART : Évidemment, Drillon n’explique pas vraiment (il se base sur l’habitude), mais il dit (plus ou moins, car cette discussion dans son livre est très touffue) le contraire.
Drillon analyse admirablement la ponctuation, mais il s’égare parfois quand il aborde les « conventions typographiques ». Peut-être s’est-il abreuvé sans méfiance à des sources peu claires et peu sûres ?
D. WYART : Faut-il mettre « suivante » à la place ?
Trop long… au sein de références bibliographiques.
Éventuellement « et suiv. ». (Ici, la séquence . ». est légitime…)
D. WYART : Y a-t-il mieux ?
Oui, beaucoup mieux…
P. 24 sq. > p. 24, 25. P. 24 sqq. > p. 24-26.
(Ou… p. 24-36, ou… p. 24-43 ou…)
Ça prend à peine plus de place et c’est plus précis… Le lecteur est content, il sait où on l’envoie…
Les « sq. » et les « sqq. » sont d’odieux gris-gris de pédants-feignants…


III. Citation d’une note dans un texte

À Typographie, le 13 août 2000.
A. HURTIG : Dans ce cas, je crois que je me contenterais de garder l’appel de note, de faire un retour à la ligne et de composer la note avec le numéro de note au début, dans le même corps que la citation.
Dans un bouquin faisant, pour son propre compte, appel aux notes et à leurs appels… bordel en perspective, surtout si les appels sont similaires. De toute façon, les bonnes solutions dépendent de la nature de l’ouvrage et de la fréquence de telles occurrences, et nous sommes ici dans le flou et même l’ignorance.
Dans bien des cas (si de telles occurrences sont rares ou, of course, uniques), le mieux sera d’éliminer l’appel et de « rédiger » un ersatz férocement explicite, du genre : « Herbert Machin précise en note : “Patatipatata.” »
Au besoin, préciser quel terme de la citation est suivi de l’appel.