Règles typographiques : de Navire à Numéro


Navire Bateau


Nébuleuse Astre


Néologisme

« Et qui ne croirait, à première vue, que l’adjectif
inétonnable est dû à quelqu’un de ces audacieux
que le puriste déclare sans foi ni loi à l’égard de la
langue ? Eh bien, non, il est de Malherbe, sans parler
d’ineffrayable, qui est aussi de lui. »
Émile L
ITTRÉ, Préface au « Supplément »
du Dictionnaire de la langue française.

Néologismes et emprunts à des langues étrangères sont aujourd’hui bien en cour ; les archaïsmes n’ont pas cette chance : on les condamne et les traque. S’abreuver aux sources lointaines est permis dans l’espace, non dans le temps. Qui en pince pour merchandising tressaille si la moindre nave accoste. C’est injuste et imbécile.


Nombre Chiffres, Chiffres romains, Euro.


Des chiffres ou des lettres ?

Il semble admis que la distinction entre « bon usage » et « usages particuliers » trouve ici un de ses terrains d’élection. Aucune règle commune n’est envisageable qui ferait le bonheur des mathématiciens et des notaires, des statisticiens et des poètes, du moins lorsqu’ils œuvrent dans le cadre de leurs spécialités respectives. Du tout en chiffres au tout en lettres, chacun croit pouvoir choisir ce qui l’arrange. Cette tolérance est à la fois inutile et dangereuse. Inutile, car la plupart des prétendus « besoins particuliers » sont pris en compte par le bon usage ; dangereuse, car les prétendus « usages particuliers autorisés » ont aujourd’hui tendance à se généraliser.
Code typ. 1993, Gouriou 1990, Impr. nat. 1990.

Selon leur rôle, et quelle que soit la nature du texte, les nombres sont écrits et composés soit en chiffres arabes, soit en chiffres romains grandes capitales, soit en chiffres romains petites capitales, soit en lettres.


Chiffres arabes

Le respect des conventions est relativement récent. Exemple de composition fautive : [« On a construit 86.388 tanks, 16.438 cars armés, 88.077 scout-cars, 2.434.553 camions et à peu près autant de camions légers et de voitures à personnel. »] – Jean FOURASTIÉ, la Civilisation de 1975, 4e éd., coll. « Que sais-je », Presses universitaires de France, Paris, 1957.


Lettres

Après l’avoir pourchassé et sauvagement éliminé dans la plupart des mots composés, Conseil sup. 1990 veut du trait d’union partout dans les nombres. Là où un individu sain d’esprit écrit « sept cent mille trois cent vingt et un », Conseil sup. 1990 oppose « sept-cent-mille-trois-cent-vingt-et-un ».
Ici, Conseil sup. 1990 s’est surpassé. Afin de bien motiver sa « rectification », il « analyse » la ridicule situation présente : « [Le trait d’union] est utilisé aussi dans l’écriture des nombres, mais, ce qui est difficilement justifiable, seulement pour les numéraux inférieurs à cent (exemple : vingt-trois, mais cent trois). » Cette phrase, fruit de la longue réflexion des experts, figure au Journal officiel.
Tous ceux qui ont écrit ou lu un jour : huit cent trente-deux, trois cent cinquante-quatre ou cent vingt-trois, sont donc informés, par le biais de l’organe officiel de la République française, que ces numéraux sont inférieurs à cent. Nos rectificateurs étaient soucieux d’assurer également l’avenir de la science française.
Le Beau-Bensa & Rey-Debove 1991 commente : « Plutôt que d’étendre l’emploi du trait d’union en toute position, n’était-il pas plus raisonnable de le supprimer complètement, ce que font souvent les scripteurs ? » Bonne idée : lorsqu’il s’agira d’écrire trente trois, nous aurons le choix : « 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3 » ou « 33 ». Et, la ridicule règle jusqu’alors en vigueur s’étendant aux numéraux ordinaux, nous serons enfin débarrassés de l’inutile distinction entre les dix-septièmes (ceux qui sont dix-septièmes) et les dix septièmes (les dix éléments qui sont septièmes ou les 10/
7).


Abréviations

••• On n’abrège jamais un nombre exprimé en chiffres : c’est une faute grave que d’écrire [de 3 à 400] pour « de 300 à 400 ».
« Il est passé rapidement de 6 à 8 000 mètres » : passer rapidement « de 6 000 à 8 000 mètres » n’étant pas exclu, il est préférable dans ce cas d’écrire « de 6 mètres à 8 000 mètres ».
Gouriou 1990, Greffier 1898, Impr. nat. 1990, Leforestier 1890.
Textes spécialisés. Pour la même raison, on n’abrégera les nombres exprimés en lettres qu’avec prudence, car, plus ou moins grande, l’ambiguïté sera souvent au rendez-vous : « Pour ce genre d’article, les prix vont de cinq à six cents francs. » De 500 à 600 francs ? de 5 francs à 600 francs ? Il est probable que la bonne hypothèse soit la première, mais il est certain qu’il est inutile d’introduire une ambiguïté, même minime, dans des données qui ne sont pas nécessairement imprécises.
Question écrite ambiguë : il y a combien d’analphabètes ici ? Deux ou trois cents ?
•• L’imprécision assumée et l’ambiguïté raisonnablement exclue, le raccourci est recommandé quand il évite une lourdeur d’expression : il a déjà enfumé quatre à cinq mille taupinières. (Rien n’empêchera jamais un pinailleur très atteint de lire « quatre taupinières ».)
Avec ou sans ambiguïté, le raccourci est indispensable quand il restitue la vivacité de la langue orale ou ménage un flou pertinent : « Tu as besoin de combien ? — Deux ou trois cent mille francs, pas plus. »


I. Des points et des espaces

À Langue-Fr., le 22 août 2000.
P. ANDRIES : Il ne faut quand même pas pousser bobonne dans les orties, il n’y a pas d’ambiguïté à employer le point comme séparateur de triades dans les textes en français.
Pas d’ambiguïté insurmontable, mais une inutile difficulté de perception pour le lecteur, car on fait jouer au point un rôle qui n’est (plus) le sien en aucune autre circonstance et qui est en totale contradiction avec ses emplois essentiels.
P. ANDRIES : Disons. Mais c’est discutable, les signes ont souvent des emplois différents : ici on remplace un emploi polysémique du point par un emploi polysémique de l’espace (séparation des mots ou des nombres et séparation de triades à l’intérieur des nombres).
Bien entendu, mais ces emplois de l’espace ne sont pas « contradictoires ». Pour prendre un exemple qui m’arrange… dans « 1 100 » et « mille cent » (ou « onze cents »), la « polysémie » de l’espace est mille fois moins forte que celle du point final, abréviatif et « séparateur de triades » (et n’oublions pas le point multiplicateur : sa position élevée ne le met pas à l’abri d’éventuelles méprises, l’œil humain a parfois des faiblesses).
Soit un total de 12.123.152.342.535 exemplaires me semble beaucoup plus difficile à lire que ceci : Soit un total de 12 123 152 342 535 exemplaires.
Tu me diras que le mec qui a rédigé la chose est un mauvais… Oui, un très mauvais, mais il y en a… pas mal. Faut en tenir compte… J’admets d’avance que l’on peut concocter des exemples aussi calamiteux avec la virgule et la virgule décimale… mais je persiste à dire qu’il est bon et sage d’avoir délivré le point de son plus mauvais rôle !
P. ANDRIES : Je n’aime simplement pas qu’on impose d’en haut des normes « internationales ».
En France, c’est mieux qu’une norme… c’est la loi ! Plus précisément des décrets… « […] Ces tranches ne sont jamais séparées par des points ni par des virgules. » Dura lex


II. Numéraux et cardinaux

À Typographie, du 14 au 17 avril 1998.
T. BOUCHE : Il y a un autre cas d’exception : les codes postaux.
Ce n’est pas une exception… C’est la règle commune (les codes postaux ne désignent pas une quantité…). En gros :
— ordinaux sans espace : page 2530 ;
— cardinaux avec espace : 2 530 pages.
T. B
OUCHE : Pourquoi « en gros » ?
Par prudence (seule règle d’or…) ! Et puis… parce que des espaces peuvent parfois intervenir dans certaines successions de chiffres qui n’ont absolument rien de cardinal. Exemple, les six derniers chiffres de nos numéros de Sécu : 2 11 05 13 105 184. C’est pas le mien… (Il commence par 1 47 03 99…)
M. BOVANI : En fait, le problème est de savoir si l’on écrit 0,123 32 ou 0,12 332. Dans le premier cas, on a une symétrie par rapport à la virgule et on est ramené au cas précédent. Et jipéhel, il a dit plein de fois qu’il raffolait de la symétrie (re-pas taper).
J’raffolions point d’la symétrie, et les maths et moi ça fait trois ou plus, mais y a une chose dont j’suis certain, c’est qu’il faut écrire :

0, 123 32
5 470, 547 478 123 32

À Typographie, le 13 janvier 1999.
T. BOUCHE : [J.-P. Lacroux] dit ordinal : unité avant, car on dit bien : « L’eau bout à 100 °C », « Il est 10 heures », etc.
T’es vraiment vicieux comme c’est pas permis… T’essayes maintenant de faire accroire que j’aurais affirmé, dans mon énième (hihi) principe, qu’un ordinal ne peut être placé en première (hihi) position ! Tu me prends pour un rescapé du
VIIIe siècle ? Fin du premier chapitre…
J’ai écrit ceci : « Un nombre placé en seconde position est immédiatement transformé en ordinal. » T’as vu… transformé… C’était peut-être sibyllin, mais, dans le contexte et avec les exemples fournis, cela me semblait suffisamment clair (pour un lecteur attentif et bien intentionné…).
Je développe pour toi : un nombre considéré comme cardinal devant une unité (22 km) ou devant un terme quelconque, abrégé ou non (3 p.) est transformé en ordinal quand il est placé en seconde position, sans qu’il soit nécessaire de modifier sa forme (graphique et orale) : km 22, p. 3… En revanche, si tu veux les faire repasser en première position tout en conservant leur statut ordinal, tu seras contraint de modifier leur forme (graphique et orale : 22e kilomètre, 3e page…).
Tout le monde sait que 10 heures peut être soit ordinal (c’est la dixième heure), soit cardinal (ça va me prendre au moins dix heures). Rien à voir, donc, avec ce qui précède…

À Langue-Fr., le 22 septembre 2000.
P. DEGAND : Dans le Bon Usage de Grevisse (13e éd. par André Goosse), je lis au § 117 a : « […] Toutefois, on ne sépare pas l’indication des années, du code postal, des pages ou paragraphes d’un livre en tranches de trois chiffres : en 1914 ; en l’an 2000 ; 84400 Apt ; § 1080. »
On pourrait — Mr Goosse ne s’en est pas privé : Grevisse ne mentionnait que les années — multiplier les cas et les exemples sans bénéfice réel pour le lecteur, qui ne comprendra toujours pas ce qui motive ces prétendues exceptions… Cette bordélique succession (ouverte ou fermée ?) est une façon à la fois compliquée et incomplète de présenter une affaire toute simple : seuls les cardinaux ont le droit d’être découpés en tranches. C’est le privilège de la « quantité ».
Les ordinaux, jamais, qu’il s’agisse d’années, de pages, de chapitres, de paragraphes, de lignes, de bidules, de machins ou de ratons-laveurs.
Bien entendu, pour des raisons pratiques évidentes (lecture, mémorisation, etc.), certains « numéros hétérogènes » d’usage fréquent (téléphone, Sécu…) sont également découpés en tranches, mais d’une nature bien différente, puisqu’elles sont d’épaisseur variable selon les cas et, surtout, qu’elles correspondent éventuellement à des numérotations distinctes.
Quant aux « codes », par nature et définition ils ne respectent que leur code… Il est donc inutile que les grammairiens légifèrent à leur intention…


III. Les nombres de quatre chiffres

À Typographie, le 14 avril 1998.
A. LABONTÉ : Par contre, pour les nombres d’exactement quatre chiffres, cela est optionnel, et il est recommandable de ne pas mettre [d’espace].
Ben… moi, je trouve que ce n’est guère recommandable. Pour plusieurs raisons… D’abord, ça fout en l’air l’utile distinction entre certains ordinaux (en 2400 avant Jésus-Christ) et la plupart des cardinaux (2 400 ans avant Jésus-Christ)… Ensuite, ça peut foutre un bordel noir : de 2300 à 13 500… Quant aux alignements verticaux, faudrait les débaptiser…
Bon, tu me diras que dans de pareils cas il convient de toujours introduire une espace… Mézalor, pourquoi recommander sa suppression dans les cas où un nombre de quatre chiffres se balade tout seul ? Pourquoi recommander l’exception et, par conséquent, l’espace alternative mais hasardeuse ? Qu’est-ce qu’on y gagne ?

À F.L.L.F., le 21 janvier 2000.
RENÉ : On écrit 17 500, mais certains soutiennent qu’il faut écrire 5389 (par exemple). La raison serait que la règle ne s’applique pas aux nombres de quatre chiffres. Qu’en est-il ?
Il n’en est rien… Songez à ce que cela donnerait dans les colonnes…

À F.L.L.F., le 24 février 2001.
R. BUDELBERGER : Si pour la clarté il est recommandé de séparer par une espace dans un nombre les chiffres par paquets de trois, l’usage ne s’applique pas aux dates : 1 815 cosaques en 1815.
Il n’y a pas que les dates : tous les ordinaux. « Page 1815. »

À F.L.L.F., le 12 février 2002.
La distinction entre nombres à quatre chiffres et nombres à plus de quatre chiffres est une foutaise. Pour vous en convaincre, alignez sur une colonne des cardinaux appartenant à ces deux prétendues catégories…
La seule distinction qui vaille est celle des cardinaux (avec espace) et des ordinaux : 3 300 ans avant notre ère, en 3300 av. J.-C. ; 1 220 pages, page 1220.


Nom propre Dynastie, Géographie, Marque déposée, Ville et village.


Genre et pluriel des noms propres

À F.L.L.F., le 27 septembre 2000.
S. PACCALIN : Les noms propres sont invariables en français (enfin, c’est plus compliqué que ça, mais dans le cas présent, c’est suffisant).
Je n’en suis pas sûr. D’abord, ce n’est pas si compliqué que cela (même si la bouillie, l’incroyable absence de réflexion du Bon Usage peut le laisser croire). Ensuite et surtout… je vois mal comment une assertion inexacte pourrait « suffire » à légitimer une forme (en l’occurrence correcte, quoique l’accord en nombre soit également envisageable).
Sauf (et encore… la formule est maladroite…) dans les cas d’invariabilité imposée (pluriel d’origine, par exemple), le « nombre » des toponymes n’est pas une question de statut grammatical mais, disons, pour plaisanter, de statut territorial, rhétorique ou relationnel… c’est-à-dire de « sens ». Dans ces matières, laissons les mots enterrer la grammaire.
Le cas qui nous occupe est celui des deux (ou plus…) visages d’un même ensemble. Ici, contrairement au cas des ensembles distincts *, l’invariabilité est recommandable, mais l’auteur qui voudrait par exemple souligner l’appartenance douteuse d’un des camps à l’ensemble peut s’autoriser la marque du pluriel… (Avis personnel : l’invariabilité est ici plus que préférable **.)
* Ensembles distincts… mais appartenant à un même grand ensemble, mais intimement liés par l’histoire (la Guerre des Gaules… toutes les Russies) ou la géographie (les Amériques, les Guyanes)… à ne donc pas confondre avec les simples homonymies, qui exigent l’invariabilité (« En France, il y a quatre Villelongue. »)
** Préférable car elle introduit une distinction parfois utile. Ainsi « Les deux Allemagne » (celle de Thälmann et celle de Hindenburg, par exemple) et « les deux Allemagnes » (celle de l’Est et celle de l’Ouest). Ainsi (mais le cas est différent…) « les deux Sicile » (celle de Lampedusa et celle de la Mafia) et les « Deux-Siciles » (l’insulaire et la napolitaine).

À F.L.L.F., le 1er janvier 2001.
R. PLAMONDON : On voit souvent ces noms, que ce soit en anglais ou en français, écrits tantôt avec une majuscule tantôt avec une minuscule. Bien sûr ce sont des instruments nommés ainsi en l’honneur de grands personnages du passé. Par exemple un erlenmeyer est une pièce de verrerie utilisée en laboratoire, on rencontre ce mot écrit avec majuscule ou minuscule. En anglais on dit Erlenmeyer flask le plus souvent avec une majuscule. Existe-t-il une règle simple pour s’y retrouver dans les deux langues ?
En anglais, je ne me mouille pas. En français, je ne vois pas pourquoi la chimie échapperait à la règle commune : un fauteuil Voltaire, des fauteuils Voltaire, un voltaire, des voltaires, des fusils Lebel, des lebels, etc. Une fiole Erlenmeyer, des fioles Erlenmeyer, un erlenmeyer, des erlenmeyers. (Il ne s’agit pas de marques : des véhicules Renault, des Renault…)


Nord Point cardinal


Note Appel de note.

« J’ai un honnête homme de mes amis qui a fait
de belles notes sur Monta[i]gne. Je suis sûr qu’il
croit avoir fait les Essais. Lorsque je le loue
devant lui, il prend un air modeste, et me fait une
petite révérence, et rougit un peu. »
Charles de M
ONTESQUIEU, Pensées diverses.

Halkin 1946 a résumé très clairement ce principe : « Il faut veiller à ne pas alourdir les notes de ce qui appartient logiquement au texte. Le texte ne peut pas s’appuyer sur une idée formulée uniquement en note. Les notes doivent contenir seulement preuves, références et remarques. »
Les notes de notes de sous-notes ne relèvent pas de l’orthotypographie mais de la cuistrerie ou, éventuellement, de la psychiatrie.

¶ Les notes sont composées dans un corps inférieur à celui du texte courant. (Rapport : environ 2/
3.)

Corps du texte
Corps des notes
14 11 ou 10
13 10 ou 9
12 9
11 8
10 7
9 7 ou 6
8 6 ou 5
7 5
6 4 (quasi illisible…) ou 5


Références bibliographiques

Vérifier leur concordance — et leur cohérence — avec celles qui sont données dans la bibliographie.


Note de musique Musique


Nouveau Ancien, nouveau


Numéro Abréviation.
••• Numéro s’abrège en « no » quand il est suivi d’un nombre (exprimé en chiffres) et qu’il est précédé d’un nom auquel il se rapporte * : le billet no 25635048500456712 gagne un petit pain au chocolat ; j’occupe la chambre no 7 ; le train entre en gare, quai no 12 ; vous aimez vraiment le Chanel no 5 ?
* C’est la formule employée par la plupart des rédacteurs de codes ou de manuels typographiques. Elle manque de précision, mais elle est simple, compréhensible.
Cet article a déjà été publié dans la Montagne illustrée, no 23. (Cas litigieux.)
••• Dans tous les autres cas, la forme complète s’impose : le numéro 25635048500456712 gagne un petit pain au chocolat ; sur ma clé figure le numéro 8, mais j’occupe la chambre no 7… ; le numéro gagnant donne droit à un croissant ; votre Chanel, c’est du numéro combien ? Numéro 3, je compte sur vous pour mener à bien cette mission * ; cet article a déjà été publié dans le numéro 23 de la Montagne illustrée.
* La présence d’un déterminant (article, adjectif démonstratif, possessif, etc.) impose toujours la forme complète : le numéro 3. Son absence, en revanche, n’est pas un critère décisif pour l’emploi de la forme abrégée, Girodet 1988.
Ramat 1994.
Cette règle est aujourd’hui admise et plus ou moins respectée. Toutefois, accordant un statut exceptionnel au mot « numéro » et à son abréviation, elle n’est pas nécessairement judicieuse.


Un numéro, des nos

À Typographie, le 19 février 1998.
J. ANDRÉ : Quelle est [l’abréviation] de numéros (au pluriel) ?
Le « o » (lettre « o» supérieure…) de l’abréviation est la dernière lettre du terme abrégé… Quand celui-ci est au pluriel, on l’abrège selon le même principe, comme pour Mme, Mmes… En d’autres termes, ce n’est pas l’abréviation en tant que telle qui prend la marque du pluriel : on abrège par retranchement médian un terme au pluriel…

À F.L.L.F., le 30 novembre 2000.
A.-B. F.-R. : À ce propos, comment tape-t-on, sur un Mac, le petit o […] dans l’abréviation de in-quarto par exemple ? Est-ce Option-U (in-4o) ?
Pourquoi pas ? C’est toujours mieux que le symbole du degré, qui est employé fautivement par 99,99 % des utilisateurs…
A.-B. F.-R. : Si oui, dans certaines polices il est souligné, dans d’autres non. Quel est le bon ?
Les deux caractères soulignés a et o sont en principe destinés à l’espagnol (indicateurs ordinaux masculin et féminin)… Le soulignement y est correct. En français, il est déconseillé depuis longtemps.
A.-B. F.-R. : Si une seule de ces formes est correcte, on est donc condamné à n’employer que des polices dans lesquelles cette forme figure ?
Non. N’oubliez pas que, même avec un logiciel rustique, tout caractère peut être mis en exposant. Donc, mettez la lettre « o » en exposant.

À F.L.L.F., le 3 juin 2002.
O. RANDIER : Le pluriel de « un no » n’existe pas. D’ailleurs cette formulation est à éviter.
T’es gentil… Elle est à proscrire !
On ne devrait jamais écrire « un no », pas plus que « deux p. » ou « trois § » (mais « p. 2 » et « § 3 » sont irréprochables dans certaines circonstances). Le pluriel de « la chambre no 57 » (forme correcte et quasiment obligatoire…) est, par exemple, « les chambres nos 57 et 58 ».