Règles typographiques : de Bandeau à Bureau


Bandeau Fronton.

1. Ornement oblong occupant toute la justification. Placé en haut de page (au début d’une division principale d’un ouvrage), il est nommé fronton.

2. Bande de papier entourant le bas d’un livre à des fins publicitaires.


Barre oblique

Emplois

Barre de fraction, voir : Fraction.
Alternative, commutation, opposition, réunion.

¶ Marque d’alinéa dans les vers composés à la suite : c’est le seul cas où des espaces fortes séparent la barre oblique des signes qui l’encadrent :
« Quand nous en serons au temps des cerises, / Et gai rossignol et merle moqueur / Seront tous en fête. / Les belles auront la folie en tête / Et les amoureux du soleil au cœur. » – Jean-Baptiste C
LÉMENT, le Temps des cerises.

Emplois particuliers : mauvaise coupure de mot, signe double.
Emplois déconseillés : et/ou, dates, sous, sur.
Remarque. — Plutôt que de surcharger cette malheureuse barre oblique de significations et de tâches contradictoires, pourquoi ne pas employer dans certains cas son double symétrique, sa sœur, la barre inversée « \ », aujourd’hui disponible dans toutes les polices ?


À Typographie, le 8 novembre 1997.
P. CAZAUX : Accepteriez-vous des choses comme cela : la Belle de Cadix, avec Carlo Di Angelo/Katya Blas/André Avon.
Non (virgules).
P. CAZAUX : [Ou comme :] la bataille juridique Apple/Microsoft.
Éventuellement (mais « entre Apple et Microsoft » ou « d’Apple contre Microsoft » serait meilleur).
P. CAZAUX : [Ou comme :] l’attitude des grévistes/syndicalistes…
Non (espace ou « et des », selon le sens).


Bas de casse Capitale, Casse, Majuscule, Police.

« Des expériences ont été faites, qui prouvent abondamment
que la lettre g, par exemple, le g bas de casse s’entend, était,
en dépit de son exquise complexité graphique, beaucoup plus
lisible qu’un g filiforme, issu de n’importe quel stylo ou de
n’importe quelle pointe Bic. »
Jérôme P
EIGNOT, De l’écriture à la typographie.

Caractères ainsi nommés, car ils se trouvaient dans la partie inférieure des casses (boîtes compartimentées contenant l’ensemble des caractères nécessaires au compositeur).
On écrit avec les minuscules et les majuscules, on compose en bas de casse et en capitales.
Les adeptes du « bas de casse » tracé à la main sont néanmoins très nombreux. Demander à un écolier d’écrire en « bas de casse » est une approximation fantaisiste.
Cette distinction (écriture-composition) est insuffisante : l’essentiel réside dans la différence des rôles (syntaxe-typographie), singulièrement pour le couple majuscule-capitale (voir : Majuscule).

L’abréviation bdc., formée à l’imitation d’etc., n’est pas régulière. On peut lui préférer b. d. c. (malgré le « d. », voir : Abréviation § 3.2.3) ou b. de c. (irréprochable mais rare).

Les lettres et les signes les plus utilisés étaient rangés dans les cassetins (compartiments) du bas de la casse, proches du compositeur, afin d’être aisément saisis : les minuscules non accentuées y côtoyaient les chiffres, les espaces, les cadratins, la virgule, le point, etc. Dans de nombreux modèles de casse, les minuscules accentuées — à l’exception du « é » — étaient reléguées dans le haut, avec les majuscules, les points d’interrogation et d’exclamation, les parenthèses, etc. D’où l’étrangeté de nos « à » ou de nos « ê » bas de casse, qui au temps de la « typographie » étaient le plus souvent rangés dans le haut des casses.


À Typographie, le 20 août 1998.
J. ANDRÉ : J’ai envie de répondre : quels sont les concepts dont on a besoin ?
J’ai l’impression que ce dont on a besoin… on l’a… (tout au moins en français…).
— Le couple majuscule/minuscule, essentiellement syntaxique (même s’il s’applique hélas à l’écriture manuscrite selon des critères assez rudimentaires…).
— Le couple majuscule distinctive/majuscule démarcative, essentiellement syntaxico-orthotypographique.
— Le trio capitales/petites capitales/bas de casse, essentiellement orthomachin et typographique…
— Les initiales (dans l’acception non typographique) et les lettrines (acception typographique moderne).
Il me semble que l’emploi de ces termes, surtout les deux derniers, dans des acceptions archaïques doit être prudemment limité et n’a qu’un intérêt historique. C’est un peu comme si l’on ressortait les « lettres de deux-points »… Tu vois d’ici le bordel…
La question que tu poses avec les « Versal-truc » de ton Vocabularium typographicum est donc bien (en partie…) de savoir si ces distinctions et les acceptions modernes qui s’y rattachent ont cours à l’identique dans toutes les langues que tu envisages de traiter… Il est possible que le « Versal » allemand puisse se traduire par initiale, mais qui aujourd’hui emploie initiale dans ce sens ? Alors… majuscule ? En revanche et en espagnol, et à vue de nez (donc… pure hypothèse), ce serait plutôt capitale… Je me répète, mais pour mener ton projet à bien il te faut le concours de germanophones et d’hispanophones (ou de germanistes et d’hispanistes…) s’intéressant de près au vocabulaire typographique… Je suis sûr qu’il y en a parmi nous…

À Typographie, les 14 et 15 juillet 2001.
T. BOUCHE : Réponse très claire de Dournon : « Bas-de-casse n. m. : partie inférieure de la casse d’imprimerie où sont rangées les lettres minuscules. »
Très clair, mais discutable… Et « bas de page », il l’écrit « bas-de-page » ?
Le bas de casse, c’est ce qui est situé dans le bas de la casse…
Chaque terme conserve son sens propre, par conséquent, les traits d’union sont inutiles. En dépit d’exceptions à la con, il est avisé de traiter différemment « pomme de terre » (pomme-fruit qui pousse dans la terre) et « pied-de-biche » (qui n’est pas un pied et qui n’appartient pas à une biche)…
T. BOUCHE : Cette lettre (l’objet).
Oui, éventuellement, car il ne s’agit plus d’un bas (voir « bas-de-chausse » et « hauts-de-chausse »…). C’est ici que l’essentiel du basculement métonymique s’effectue. C’est la position de Larousse (mais attention ! pas dans les emplois « adjectivaux »… ce qui complique foutrement les choses). Quant au Robert, il ne met jamais de traits d’union à bas de casse, quel que soit le sens… c’est simple et pratique…
T. BOUCHE : Sans « - » : caractère d’imprimerie correspondant à la lettre minuscule.
Quitte à fourguer des traits d’union (à mon sens inutiles), il aurait pu en mettre ici… Le léger basculement de « cette lettre » (l’objet) à « caractère correspondant à minuscule » n’impose nullement une modification de la graphie.
T. BOUCHE : En effet… après avoir écrit « Réponse très claire », j’ai voulu faire un exemple, et me suis rendu compte que la distinction entre l’objet et le type n’était pas forcément évidente… Mais l’abréviation consacrée de bas de casse (lettre) est b. d. c., pas b.-d.-c.
Deux bonnes raisons pour ne pas se faire chier avec les traits d’union.


B. À T. Bon à tirer


Bataille Guerre


Bateau

« Un scaphandrier explore l’épave du Titanic.
Dans une cabine, il découvre quelques lambeaux
d’étoffe rouge, un dentier de vieille femme, des os de
loup, un petit pot qui aurait pu, jadis, contenir du beurre. »
Gilbert L
ASCAULT, le Petit Chaperon rouge, partout.

Les noms communs s’écrivent avec une minuscule initiale : une trière, une trirème, une galère, un galion, deux frégates, trois caravelles, un trois-mâts (un vaisseau à trois mâts), deux quatre-mâts, un croiseur, un dragueur de mines, un porte-avions, des sous-marins, etc.
L’Arche de Noé, la Nef des fous.

Italique.
Le Commandant Bourdais, le Dupetit-Thouars, le La Pérouse, le Surcouf, le Victor Schoelcher.
Le Mimosa, le Perce-Neige, le Touareg.
La Boudeuse, La Confiance, La Découverte, La Malouine, Le Béarnais, Le Rusé, Le Vigilant.
Le Foudroyant, Le Redoutable (sous-marin), le Redoutable (cuirassé), le Terrifiant.
Le France, l’Île-de-France, le Normandie.
Le Mauretania, le Queen Mary, le Titanic, le United States.


À Typographie, du 8 au 22 novembre 1999.
C. BROUILLET : Dans « le premier voyage du d’Iberville » (il s’agit d’un brise-glace), je serais portée à inclure la préposition dans le nom du bateau — sinon, on aurait dit « du Iberville ». J’écrirais donc « le premier voyage du D’Iberville ». Aurais-je raison ? Qu’en pensez-vous ? Merci de m’éviter un naufrage dans ces eaux glacées !
Seuls les services compétents pourront fournir le véritable nom du brise-glace… L’impeccable composition des noms de navires est une horreur où se mêlent des traditions maritimes et typographiques, c’est dire si l’incohérence y est de règle… Bon courage !


Bavocher

Être imprimé de manière peu nette : ce tirage bavoche, ces sous-titres bavochent.
Académie 1994, Larousse 1997, Lexis 1989, Maxidico 1996. (Sauf pour Larousse 1997, on peut considérer que les définitions données sont courageuses.)
Hachette 1995 et Robert 1993 ignorent ce terme (ce qui peut se comprendre). Larousse 1999 l’a éliminé de sa nomenclature.
Ce verbe, dérivé de « baver », est en principe intransitif. Les imprimeurs n’en ont cure — ils n’ont pas tort — et l’emploient parfois transitivement : un tirage bavoché.
Une épreuve bavochée présente des bavochures.


Belle page

Recto d’un feuillet, donc page impaire, donc, pour le lecteur, toute page de droite d’un livre.
Par opposition, on nomme fausse page le verso d’un feuillet (page paire, page de gauche).
Le début des parties principales d’un ouvrage doit « tomber en belle page ».
On dit parfois {bonne page}, mais c’est introduire un risque de confusion avec bonnes feuilles (ou bonnes pages…), expression qui désigne les premiers tirages définitifs et, par extension, des extraits d’un livre prépubliés dans la presse.


Bible Abréviation, Évangile, Titre d’œuvre.

« Le célèbre imprimeur parisien Robert Estienne,
quand il édita la Bible en 1551, y introduisit les
fameux petits chiffres qui jalonnent, voire coupent
et disloquent les périodes. La méthode qui présida
à ce découpage échappe à toute analyse rationnelle :
tel membre de phrase est scindé en deux tronçons,
parfois, au contraire, deux propositions dénuées
de tout rapport sont associées ; il semble que,
bien souvent, de simples raisons typographiques
soient intervenues. »
D
ANIEL-ROPS, Qu’est-ce que la Bible ?

1. Majuscule

••• Majuscule initiale lorsque Bible désigne le livre sacré des chrétiens et des juifs : la Bible hébraïque, une mauvaise traduction de la Bible, la sainte Bible *, la Bible de Jérusalem, La Maison de la Bible, jurer sur la Bible.
Doppagne 1991, Girodet 1988, Larousse 1933, Thomas 1971.
* S’il s’agit de désigner une édition précise, l’adjectif antéposé suit la règle concernant les titres (voir : Titre d’œuvre) et prend la majuscule initiale : je lis la Sainte Bible, traduction de Louis-Isaac Lemaître de Sacy (Robert Laffont, 1990).
•• Si ce terme désigne explicitement un objet, il devient profane et perd son droit à la majuscule : on achète la Bible pour la lire mais un bibliophile peut acheter une bible du quatorzième siècle, même illisible, parce que, à ce prix-là, c’est tout de même une bonne affaire. Toutefois, si l’objet conserve clairement son caractère sacré, il conserve aussi sa majuscule : à force d’être lue, ma Bible est devenue grise ; il a calé son fauteuil avec la bible de son grand-père.
Larousse 1933.
Micro-Robert 1990 [bibles protestantes].
••• Minuscule initiale dans tous les autres cas : du papier bible, le Neudin est la bible du cartophile.
Académie 1994, Girodet 1988, Thomas 1971.
Larousse 1933.
••• Les titres des livres bibliques prennent tous la majuscule initiale : les Proverbes, le Cantique des cantiques, l’Évangile selon saint Marc, l’Épître aux Hébreux.
Attention :
— aux « titres » génériques : les évangiles synoptiques, les épîtres de Paul ;
— aux recueils : la Loi (la Torah, le Pentateuque), les Prophètes, les Écrits, l’Ancien Testament, le Nouveau Testament, l’Ancienne Alliance, la Nouvelle Alliance, mais : les livres historiques, prophétiques, sapientiaux ;
— à l’Évangile (masculin), qui ne se comporte pas exactement comme la Bible : le sacré et le profane ne sont hélas pas ici des critères décisifs (voir : Évangile).


2. Titres en romain

••• Comme tous les noms français ou francisés des livres sacrés des religions monothéistes, les titres de ses livres et de ses versions se composent en romain : La Bible, la Genèse, le Deutéronome, l’Évangile selon saint Matthieu, etc. La version des Septante, la Septante, la Vulgate.
Attention ! Les titres des livres non canoniques (selon le canon retenu…) ne méritent pas de traitement de faveur et se composent en italique : l’Évangile de Thomas, les Actes de Pilate.
Impr. nat. 1990.


3. Abréviations

Il n’y a pas de liste d’abréviations normalisées des titres des livres bibliques. C’est normal, légitime, heureux. Ce qui l’est moins, c’est que la plupart des traducteurs et des éditeurs ne respectent aucune règle et confondent visiblement la formation des abréviations et celle des symboles scientifiques, des unités de mesure… (voir : Abréviation).

Le tableau suivant (en PDF) donne les « abréviations » employées dans cinq éditions récentes de la Bible : la traduction d’Émile Osty (Le Seuil, 1973), la Bible de Jérusalem (Desclée de Brouwer, 1973), la traduction de Louis Segond, révision 1910 (La Maison de la Bible, 1959), la Bible en français courant (Alliance biblique universelle, 1983), la traduction des moines de Maredsous (Brepols, 1973).
Autres abréviations.
A. T.  : Ancien Testament.
LXX  : version des Septante.
N. T.  : Nouveau Testament.


4. Références

Ici le désordre n’est pas moins grand. Chaque éditeur a son système, voire plusieurs.
L’orthodoxie typographique demande que les parties principales d’un ouvrage (livres, actes, parties, psaumes, chants, etc.) soient numérotées en romain grandes capitales, les subdivisions (chapitres, scènes, couplets, etc.) en romain petites capitales, les subdivisions secondaires ou les éléments de base (paragraphes, pages, vers, versets, etc.) en chiffres arabes : II Rois,
XVII, 8.
Tout le monde numérote les livres bibliques en chiffres romains grandes capitales — tout le monde (Code typ. 1993, Gouriou 1990, Impr. nat. 1990, Larousse 1985, Universalis 1990) sauf, on vient de le voir, les divers éditeurs de la Bible (ainsi que Ramat 1994) — et les versets en chiffres arabes.

En revanche, pour les chapitres, il y a trois écoles.
4.1. Certains auteurs considèrent que les chapitres bibliques et les cent cinquante psaumes appartiennent à la catégorie des « parties principales » et les numérotent en romain grandes capitales. Légitimement pour les psaumes, abusivement pour les chapitres, donc pour la quasi-totalité de la Bible. Code typ. 1993, Impr. nat. 1990 : II Rois, XVII, 8.

4.2. D’autres auteurs (Gouriou 1990, Larousse 1985, Tassis 1870, Universalis 1990) estiment, avec raison, que l’artificielle et relativement récente* division en chapitres n’a rien d’essentiel ; ils ont donc recours aux petites capitales : II Rois,
XVII, 8. Respectant les usages typographiques, c’est la meilleure formule dans les ouvrages où les références bibliques sont peu nombreuses.
Les Psaumes sont sacrifiés sur l’autel de la cohérence (Ps. XXIII) ou conservent un statut particulier (Ps. XXIII).
* Chapitres : XIIIe siècle. Versets : XVIe siècle.

4.3. L’emploi des chiffres arabes n’est, en principe, guère recommandable. Traditionnellement, c’est pourtant la formule retenue par les divers éditeurs de la Bible, qui, en l’occurrence, n’ont pas tort. Osty : [Mt 12,9-14]. Jérusalem : Mt 12 9-14. Segond : Mt. 12. 9-14. B.F.C. : [Matt 12.9-14]. Maredsous : Mt. 12 :9-14.
Il serait en effet absurde de composer en chiffres romains des références renvoyant à des nombres toujours composés en chiffres arabes dans le corps du texte (souvent en lettrine) et dans le titre courant. Plutôt que de respecter à tout prix les règles typographiques, il est parfois sain de respecter le lecteur en ne lui compliquant ni la vie ni la vue.
•• En conséquence, et contre l’avis de tous les codes, les ouvrages contenant de nombreuses références (invitant donc à de nombreuses recherches dans le texte biblique) devraient adopter les chiffres arabes pour la numérotation des chapitres…

Il convient de bien séparer le chapitre du ou des versets à l’aide d’une virgule suivie d’une espace : II Rois 17, 8.  Le gras, {le point} et le deux-points ont leurs partisans : II Rois 17 8. {II Rois 17. 8}. II Rois 17:8.
Deux renvois distincts sont séparés par un point-virgule, qui signifie « et » : II Rois 17, 8 ; Rom. 6, 12-14. II Rois 4, 7 ; 4, 9 (chap. 4, v. 7 et 9). Gal. 4, 12 ; 6, 10 (chap. 4, v. 12, et chap. 6, v. 10).
Lorsque plusieurs chapitres ou plusieurs versets appartiennent au même renvoi, ils sont séparés par un trait d’union, qui signifie « à » : II Rois 4, 7-9 (chap. 4, v. 7 à 9). Gal. 4, 12-6, 10 (du chap. 4, v. 12, au chap. 6, v. 10).
Les mêmes règles s’appliquent avec la numérotation des chapitres en chiffres romains petites capitales. Seule différence, une virgule sépare le titre et le chapitre : II Rois,
XVII, 8. Rom., VI, 12-14. II Rois, IV, 7,9. Gal., IV, 12 ; VI, 10. II Rois, IV, 7-9. Gal., IV, 12-VI, 10.


Citer la Bible

À F.L.L.F., le 13 février 2001.
JOYE : Quand on cite un verset de la Bible en français, de quelle(s) marque(s) de ponctuation se sert-on ?
Si l’on emploie la virgule pour séparer le chapitre (non gras) et les versets, un problème se pose lorsque la référence concerne deux versets successifs… En bonne orthodoxie, on devrait écrire « Gal. 4, 12, 13 » (chap. 4, versets 12 et 13), ce qui est foutrement obscur. Imaginez que la référence soit : Gal. 4, 5, 6… Si l’on a renoncé (un peu vite…) à tous les artifices distinctifs (gras, deux-points, etc.), on a tout intérêt à composer (fautivement)  : Gal. 4, 12-13… Gal. 4, 5-6… Mais, encore une fois, les chiffres romains pour les chapitres ne devraient être employés que dans les ouvrages où les références bibliques sont très nombreuses… Ailleurs, c’est-à-dire dans la plupart des cas, les petites capitales sont lumineuses : Gal.,
IV, 5, 6 ; Gal., IV, 5-7…
La bonne orthotypographie ne consiste pas à respecter avant tout des « règles » mais le lecteur… qui n’a pas en toutes circonstances les mêmes besoins…
R. BUDELBERGER : « Gal., IV, 12-VI, 10 » a l’avantage sur « Gal. 4, 12-6, 10. » d’une meilleure lisibilité.
C’est certain, dans bien des cas. (Je répète que dans les ouvrages où les références bibliques sont peu nombreuses c’est la meilleure façon de les présenter, la plus claire, la plus limpide.) Ne pas oublier pour autant que la lisibilité des chiffres romains a (de nos jours) tendance à fortement décroître au-delà de XXIII et plus encore après XXXIII. Même aux yeux pourtant accoutumés de certains exégètes. Or certains livres, comme la Genèse ou Isaïe/Ésaïe (je ne me compromets pas), atteignent la cinquantaine et même la soixantaine. Qu’est-ce qui est le plus « lisible » ? Gen.,
XLVI, 2 ou Gen. 46, 2 ? Si l’effort imposé par la lecture des chiffres romains ne porte que sur quelques références, le jeu en vaut la chandelle. S’il doit se répéter des dizaines de fois, non. D’autant que l’on renvoie à des pages où les (numéros des) chapitres sont composés en chiffres arabes. Basculer trois ou quatre fois d’un système à l’autre, oui ; des dizaines de fois, non.
R. BUDELBERGER : « Gal. 3, 4-6, 10. ».
Ce n’est pas à cause de tels exemples que la lisibilité est perturbée, car (en principe) il s’agit nécessairement de « Galates, du chapitre 3, verset 4, au chapitre 6, verset 10 ». « Galates, chapitre 3, versets 4 à 6 et verset 10 » devrait être ainsi composé : Gal. 3, 4-6 ; 3, 10. Ou, à la rigueur : Gal. 3:4-6, 10. Ou : Gal. 3 4-6, 10. ou, pour revenir aux petites caps : Gal.,
III, 4-6, 10.

À Typographie, le 8 juillet 2002.
O. RANDIER : L’I.N. se contente de signaler que les titres des livres sacrés (Bible, Coran, Torah, etc.) doivent être composés en romain.
Les livres sacrés des religions monothéistes… C’est la tradition. On peut la contester (par hyperlaïcisme…), mais mieux vaut la respecter…
O. RANDIER : J’en avais conclu un peu vite que leurs subdivisions se composaient de la même façon…
Tu avais bien conclu.
O. RANDIER : … quand Alain m’avait fait remarquer que c’était risqué, certains livres de la Bible étant considérés comme sacrés par certains et pas par d’autres.
Non, aucun risque. Les deutérocanoniques (Judith, Sagesse, etc.) suivent la même règle. Seuls les « apocryphes tenus pour tels par tous les chrétiens » sont exclus… Exemples : l’Évangile de Thomas, les Actes de Pilate.
O. RANDIER : Comment compose-t-on (romain, italique, guillemets, autre ?) les titres de subdivisions de la Bible (et du Nouveau Testament…) ?
En romain.
O. RANDIER : Question subsidiaire : la numérotation. Le chapitre en question comporte des références de ce type : Ez. 37, 1-14 ; l’utilisation de chiffres romains pour indiquer deux niveaux consécutifs de subdivisions me paraît source de confusion, notamment dans un cas comme celui-ci : Ps. 16, 10 et 49, 16.
Tu as bien raison. C’est de la bouillie pour les chats.
O. RANDIER : Est-ce la façon correcte de numéroter ?
Non, mais c’est la plus répandue…


Bibelot Bilboquet


Bibliographie
Index, Titre d’œuvre.

« La bibliographie et les fiches ont remplacé [,]
dans la forme parasitaire d’existence qui est celle des
universités, la rhétorique et les locutions d’autrefois.
«  Mais le fond reste le même : vivre aux dépens
des œuvres d’autrui. — La superstition du fait a
remplacé celle du mot. »
Paul V
ALÉRY, Cahiers.

Les livres sont classés par le nom de l’auteur. Les livres d’un même auteur sont classés par ordre chronologique. Les revues sont classées d’après leur titre.
Vérifier la concordance — et la cohérence — avec les références qui sont données dans les notes ou dans le texte courant.


I. Abréviations
dans les bibliographies

À Typographie, le 29 décembre 1997.
J. MELOT : La seule alternative que je m’autorise est soit III(5), soit III (5), bien que d’autres soient […] préférables.
Si je n’aime guère ces parenthèses, c’est parce que selon les normes afnorisées (NF Z44-063) elles indiquent dans ce cas précis un double système de numérotation… Exemple : t. III, fasc. 5 (1985, mai).
La mention III (5) est certes « compréhensible »… mais elle est ambiguë.

À F.L.L.F., les 26 et 27 mai 2000.
M. BEBOW : En anglais, il y a une abréviation et al. (« et alii ») dont on se sert quand il y a plus de deux auteurs d’un livre. Est-ce qu’on s’en sert en français ?
Cette abréviation est stupide car :
— elle abrège une expression qu’aucun francophone sensé n’emploie à l’oral ;
— elle est obscure pour quantité de lecteurs ;
— elle élimine deux lettres (étroites…) et ajoute un point (bénéfice : un signe) ;
— elle est snobinarde, jargonnesque ;
— elle pue de la gueule, etc.
Mais ce n’est pas tout… et, surtout, cela ne suffit pas à la condamner, car (bis) ces légers défauts sont partagés par des abréviations que nous employons tous les jours sans faire la fine bouche. Fortunément… y a un truc spécifiquement typographique qui la condamne sans appel, du moins dans les bibliographies (donc, ne pinaillons pas partout). Elle se compose en ital… et que précède-t-elle, bien souvent ? Un titre d’œuvre composé en ital ! Elle ruine donc partiellement le beau et utile contraste entre deux éléments qu’il est bon de distinguer nettement. Salope… (Remarquez… je fais le malin, mais pas plus tard que la semaine dernière j’ai ainsi ruiné consciemment la biblio d’un ouvrage dont l’auteur était attaché à quelques grigris humano-scientistes… J’lui ai quand même fait sauter ses op. cit., faut pas déconner…)
B. LABIO : C’est vrai, mais est-ce que le problème ne se pose pas de toute façon ? Si on n’utilise pas l’abréviation, donc si on écrit et alii en entier, comme il s’agit d’une expression latine, ne faut-il pas aussi la composer en italique ?
Si, bien sûr.
B. LABIO : Cela dit, il me semble que, dans une bibliographie, il faut mentionner tous les auteurs quel qu’en soit le nombre.
Surtout chez les scientifiques (durs ou mous, d’ailleurs…), quand ils ont la bride sur le cou… Il paraît (ce n’est pas mon secteur…) que l’on atteint parfois des sommets : des listes d’auteurs plus longues que le texte publié… Jacques André a évoqué des listes de deux cents blazes !
B. LABIO : On peut donc se dispenser de recourir à cette expression, abrégée ou non.
On peut aussi recourir à des formules telles que : sous la direction de, ou : et collab

À Typographie, le 5 novembre 2001.
C. DURPAIRE : Je milite donc pour qu’on n’abrège plus jamais les prénoms dans les bibliographies, sauf par exception motivée.
Nous militons dans le même parti, mais j’appartiens à l’aile dure : dans les bibliographies, je ne crois pas aux exceptions motivées… sauf à une : l’ignorance… Exception motivée et non alibi de la « cohérence ». Or c’est ce dernier rôle qui dans bien des cas lui est secrètement conféré : sous prétexte que l’on ignore quelques prénoms, on n’emploie que des abréviations… car, sinon, notre ignorance serait apparente, perspective insupportable. Eh bien, non ! une bibliographie n’est pas qu’une parure, c’est un outil destiné à des tiers : elle se doit donc d’être aussi précise, aussi efficace que possible. Les prénoms devraient y figurer sous leur forme complète, et s’il en manque, tant pis, avouons notre ignorance partielle. On pourrait penser que les « évidences » sont motivantes. C’est le contraire !
J. Renard et V. Hugo sont inadmissibles, surtout s’il s’agit de Joris Renard et de Valentine Hugo.
J. TOMBEUR : Maintenant, écrire F. Renard (pour François Renard, père de Pierre Jules Renard) et J. Renard dans une même phrase, au lieu de François et Jules Renard, ne me choque pas.
Je ne visais pas les « phrases » mais les bibliographies. Dans une biblio, « F. Renard » est inadmissible, inacceptable… Dans une phrase, c’est souvent à la limite de l’intolérable… nuance…


II. Les noms des auteurs anciens

À Typographie, du 21 au 24 janvier 2001.
A. HURTIG : L’usage veut que les auteurs anciens (tout ce qui n’est pas contemporain, donc avant la Renaissance, donc avant la fixation des noms de famille) restent en bas de casse (sauf les initiales, of course). Donc pas de petites capitales au Pseudo-Clément, à Diodore de Sicile, à Jérémie.
Je viens pourtant d’accorder d’aimables petites capitales à Antisthène, à Aristote, à Marc Aurèle…
A. HURTIG : Parce que tu es gentil avec eux, c’est tout…
Avec Marc Aurèle ? Ça m’étonnerait… Et Céline, il a droit aux petites caps ? (Je te rappelle que c’était le prénom de sa grand-mère…)
J. FONTAINE : À propos de noms anciens complexes, voici trois vedettes qu’on trouve dans la section des noms propres du Petit Larousse : Isidore de Séville (saint), Léonard de Vinci, Thomas d’Aquin (saint). Il est curieux que la patrie d’Isidore et celle de Léonard n’aient pas la même casse. Et, comme le montre le dernier exemple, la sainteté du personnage ne semble pas être le facteur capitalisant. Quelqu’un a une explication ?
C’est normal (si l’on adopte cette convention, ce qui n’est pas obligatoire, je m’empresse de le dire…) : Léonard est né à Vinci, saint Thomas près d’Aquino, Jean à Meung, Zénon à Élée, simple indication d’origine pour distinguer les Zénon, les Jean, les Thomas… mais Isidore n’est pas né à Séville… Chrétien n’est pas né à Troyes… Grégoire n’est pas né à Tours… Ils y firent des choses et parfois y moururent… leur nom (prénom…) est associé intimement à un lieu pour des raisons plus sérieuses que la simple naissance.
T. B
OUCHE : S’il est plus « sérieux » de mourir que de naître, est-il au moins plus marrant de naître que de mourir ? (Ou de naître pas né ?)
« Ils y firent des choses et parfois y moururent… » Tu me surprends beaucoup… Comment se fait-il qu’un si fin connaisseur des choses de la typographie et de la langue n’ait point (ou fasse semblant de n’avoir point) remarqué l’insistance graphique sur le verbe « faire » ni la présence de l’adverbe « parfois », toutes choses qui indiquent que le lieu de décès n’est pas le critère avancé… Pas plus que celui de la naissance.
Prends, par exemple, quelques François, saints de préférence (désolé, les Thierry, c’est plus rare)… François d’Assise est né et mort à Assise, François de Paule est né à Paola, François de Sales est né au château de Sales… mais ce n’est pas pour ces pauvres raisons que leur « nom » peut s’écrire intégralement en petites capitales… c’est parce que l’ermitage du premier était à Assise, que le monastère fondé par le deuxième était à Paule… Quant au troisième… « de Sales » était son nom… En revanche, à part y naître, saint Thomas n’a pas fait grand-chose à Aquino…
Tu me diras que sainte Thérèse d’Avila, née à Ávila, entra au carmel d’Ávila, certes, mais il ne l’avait pas attendue pour ouvrir ses portes (façon de parler…), et elle en fonda bien d’autres, ailleurs… donc, Avila comme Aquin n’ont aucune raison d’être (éventuellement…) composés en petites capitales… En revanche de l’en revanche, Grégoire de Nazianze, né et mort à Arianze, fut évêque de Nazianze… Bref, les petites caps d’un bled, ça se mérite… faut que le gonzier ait un peu bossé dans le coin… De toute façon, pour les saints, c’est pas à nous de décider sous quel nom français ils sont reconnus comme tels par l’Église… À chacun son boulot…
Comment ? c’est pas laïc, ce que je raconte ? Si, c’est même orthorépublicain, et j’attends de pied ferme celui qui prétendra qu’il faut classer Thérèse d’Avila et Louis XVI à « C » : Cepeda y Ahumada (Teresa de), Capet (Louis). Les deux procès ont eu lieu…
A. HURTIG : En dépit des savantes circonvolutions des honorables colistiers…
En dépit de quoi ?…
A. HURTIG : … il se trouve qu’on en revient à ça : Césarée n’est pas le nom de famille d’Eusèbe…
Le critère du « nom de famille » (patronyme) n’est pas d’une pertinence avérée. Tu n’accordes jamais de petites caps à Molière, à Voltaire, à Anatole France, à Céline ?
A. HURTIG : … et saint n’est pas le prénom de Jérôme (dont on ignore d’ailleurs comment il s’appelait vraiment).
Qui a jamais prétendu que « saint » se composait dans de tels cas en petites capitales ?
A. HURTIG : Contestable graphiquement dans une bibliographie qui mélangerait auteurs anciens et modernes…
Ah… quand même… c’est contestable… graphiquement…
A. HURTIG : … cette tradition éditoriale, dont je répète qu’elle est solidement établie dans le monde savant…
Non.
C’est une maniaquerie pédantesque, rien de plus, nothing more. Ma dénégation n’est pas documentée ? Ni plus ni moins que ton affirmation. Tiens, je vais faire un effort… Tu aimes bien le Lexique de l’I.N. ? Alors, dis « 33 » et regarde la page du même nom, cinquième ligne avant la fin, et raconte-nous comment est composé Homère… auteur « ancien », s’il en est…
A. HURTIG : Allons-nous une fois de plus savoir mieux que les autres ce qui fait leur bonheur ?
Tu capitules dans la rase campagne des pédants ?
A. HURTIG : Exemple : dans un appareil de notes, même si les auteurs modernes sont cités en petites capitales, les auteurs anciens resteront en bas de casse (sauf demande explicite de l’éditeur — au sens américain du terme).
C’est le contraire… Les auteurs dits « anciens » seront traités comme les auteurs dits « non anciens », sauf demande explicite d’un auteur ou d’un éditeur givré… À quelle date précise (de naissance ? de décès ?) finit l’ancienneté et commence la non-ancienneté ? Jean Froissart classé à « J » ? Seigneur…
A. HURTIG : Quant au corps du texte, quelqu’un a fait remarquer ici que c’était d’une mauvaise pratique d’y mettre les auteurs cités en petites capitales, ce à quoi j’adhère absolument et qui règle la question.
Ton adhésion ne règle aucune question… Il est des cas où les noms d’auteurs en petites caps sont très utiles dans le corps du texte.
A. HURTIG : Et s’il est encore nécessaire, voilà une remarque supplémentaire : les textes anciens sont souvent anonymes, et très souvent pseudépigraphiques. Le problème se pose donc pour la palanquée de Pseudos-XXX : doit-on mettre ou pas Pseudo en petites capitales, et si on ne le fait pas…
Eh oui, si on ne le fait pas… C’est donc ton problème…
A. HURTIG : … que faire du prénom qui suit ? (Au fait, on a dit : les prénoms en bas de casse.)
« On », c’est toi… Les pré-noms, oui (sauf pour quelques saints).
Les pré-autre-chose et les pré-rien-du-tout, non…
A. HURTIG : Je rappelle que l’usage veut qu’on mette un tiret entre Pseudo et le nom putatif de l’auteur…
Tiens… là, t’as raison !
A. HURTIG : Le problème se pose aussi pour les anonymes (et vaut pour la littérature moderne, évidemment), de même que pour les collectifs modernes (sauf si ceux-ci assument une identité individuelle fictive).
Quel problème ?


Bibliothèque Musée, galerie.

La bibliothèque de l’Arsenal, la bibliothèque Mazarine (Ambrosienne, etc.), la bibliothèque municipale de Concarneau (de Morlaix, de Quimper, etc.), la bibliothèque Sainte-Geneviève.
La Réunion des bibliothèques nationales, la Bibliothèque nationale, la Bibliothèque du Congrès.
La Bibliothèque verte.


Bilboquet

Imprimerie : dans la catégorie des travaux de ville, travail de peu d’importance (factures, faire-part, etc.). On dit aussi « bibelot ».


Blanc Approche, Cadrat, Espace, Gris.

1. Nom masculin désignant toute partie non imprimée d’une page. Cette acception très étendue est indiscutable mais elle n’est guère efficace : la différence de nature est considérable entre le blanc des marges et celui qui est situé dans la boucle du « g ». Les blancs les plus dérisoires par la taille, ceux qui sont engendrés par le dessin de la lettre, sont en l’occurrence les plus décisifs : c’est pourquoi il ne convient pas de les appeler ainsi.

2. On appelait blancs les pièces qui, dans la forme, étaient plus basses que l’œil des caractères (surface imprimante), et qui, par conséquent, laissaient le papier — généralement d’une couleur assez proche du blanc — vierge d’encre. Cette définition exclut les blancs engendrés par la lettre elle-même (œil et talus), à commencer par l’approche « naturelle ». Les blancs « matériels » se répartissaient en deux catégories très différentes. Les espaces, les cadratins et les cadrats, dont la force variait selon le corps utilisé, appartenaient aux casses de caractères et intervenaient dans la composition des lignes (pour beaucoup de typographes, c’étaient les seuls blancs à mériter ce titre) ; les interlignes, réglettes, lingots et garnitures dont les dimensions étaient indépendantes du corps utilisé ressortissaient à la composition verticale et à la mise en pages.

3. Aujourd’hui, il n’y a plus de blancs « matériels », plus de cadrats ni de lingots, et la différence entre approche et interlettrage est plutôt subtile. On appelle blancs les diverses espaces, l’approche, l’interlignage ; et grands blancs les marges, lorsqu’elles ne sont pas qualifiées avec précision (marge de tête, de pied, etc.).


Blanchir

Blanchir une composition, c’est par exemple introduire des interlignes. On dit : « Jeter du blanc ».


Bois Jardin, Voie et espace public


Bon à tirer

« Un célèbre docteur avait écrit un ouvrage plein
de science et de sympathie sur le sort et le traitement
des aliénés, ces pauvres corps sans âme. À la fin de la
dernière épreuve il calligraphie (de la belle écriture
ordinaire à messieurs les docteurs) cette note : À mon avis
il faudrait guillemeter tous les alinéas
, puis la
renvoie avec les mots sacramentels : bon à tirer.
Quelques jours plus tard il reçoit son volume, le
caresse de l’œil, le parcourt, satisfait, plein d’un légitime
orgueil, in petto adresse mille compliments à
l’imprimeur, quand au dernier feuillet, ô horreur !
entre deux filets ornés il lit comme conclusion :
À mon avis il faudrait guillotiner tous les aliénés*. »
Joseph-Pascal-Michel L
EFORESTIER,
Manuel pratique et bibliographique du correcteur.
* L’anecdote est à mon sens trop lourde pour être vraie.

¶ Autorisation de procéder au tirage donnée à l’imprimeur par le client (éditeur, auteur, directeur artistique, etc.). La formule est apposée et signée sur une épreuve — dite, par extension, « bon à tirer » — considérée comme définitive (ou quasi définitive : « Bon à tirer sous réserve de corrections pages x, y, z »).
Cette formalité n’engage pas la responsabilité du client pour la seule forme, mais aussi pour le fond de l’objet imprimé. Les coquilles ne sont pas poursuivies, certains propos le sont : quiconque signe un bon à tirer doit avoir pris connaissance de l’intégralité du texte qui sortira des presses.

Avec leur point abréviatif derrière un « a » qui abrège « à », les sigles ou abréviations [B.A.T.] et [b.a.t.] sont plutôt fâcheux. B. À T. ou b. à t. sont corrects mais hélas bien rares. Les acronymes {BAT}, {Bat}, {bat} ne peuvent faire la joie que des affairés ou des batmen.
Ils ont toutefois un petit mérite : terme (adjectif et substantif) familier, bat (ou bath) signifie depuis longtemps « bon » (« bat[h] au pieu »), y compris chez les typographes.
Boutmy 1883 donne l’adverbe batt : « Très bien ». Prudent, il ajoute : « Orthographe douteuse. »


Botanique Jardin, Zoologie.

Dans les textes et les ouvrages spécialisés, on met une majuscule initiale aux noms des embranchements, des classes, des ordres, des familles et des genres.
Code typ. 1993, Gouriou 1990, Impr. nat. 1990.
Les noms latinisés des genres et des espèces se mettent en italique ; le nom de l’espèce ne prend pas la majuscule initiale.
Code typ. 1993 [majuscule s’ils dérivent d’un nom propre].
•• Dans les textes non spécialisés, la minuscule initiale est de rigueur : un bouquet de renoncules.


Bourdon Coquille, Correction, Mastic.

¶ Bourde typographique. Dans la composition d’un texte, omission d’un mot, d’une phrase, d’un passage, voire d’une ou plusieurs pages de la copie.
Remarque destinée aux « auteurs-compositeurs » en quête d’alibi : [l’omision d’une ou de pluseurs letres au sein d’un mot n’est pas un bourdon, c’est une faute d’ortographe…].
Typogr. romand 1993 donne comme synonyme : sauton.


À Typographie, les 14 et 15 janvier 1999.
J. FONTAINE : Le long bâton dont ils s’aidaient dans leur marche s’appelait un « bourdon », autre terme familier aux correcteurs d’épreuves.
Oui… mais l’étymologie de ces deux bourdons est très différente… Le bourdon des typos vient tout simplement de « bourde ». Inutile d’aller chercher midi à Compostelle… C’est un peu comme si l’on tentait d’expliquer notre « doublon » par des pièces d’or espagnoles… ramenées de Compostelle…
J. ANDRÉ : […] Bourde (baliverne) veut aussi dire béquille (selon Albert Dauzat).
Ce n’est pas le même mot. La bourde (béquille, bâton) vient de burdo. La bourde (bévue) et notre bourdon viendraient d’un hypothétique burda

À F.L.L.F., le 14 septembre 2001.
M-E-E : D’où vient aussi que le bourdon est une faute de typographe ?
Pas n’importe quelle faute : un oubli (d’un mot, d’une ligne, d’un paragraphe…).
Le mot est intéressant, car il donne raison à tout le monde… Il est évident qu’il vient de « bourde » (erreur) et qu’il est intimement lié à « bourdon » (bâton de pèlerin). Réparer un bourdon se disait (parfois) « aller à Saint-Jacques » (cf. Eugène Boutmy). On retrouve l’homme à la « coquille »… Les fautes sont expiées, se réparent au cours d’un pèlerinage.


Brochure

Naguère, ouvrage imprimé dont le nombre de pages était inférieur à dix.
Lefevre 1855.
Aujourd’hui, on va jusqu’à quarante-huit pages…


Bureau Sigle.

« Et puis lui dire que les fonctionnaires de la S.D.N.
étaient bien mieux payés que ceux du B.I.T. qui arrivaient
tous à l’heure, et qui bossaient, bossaient. »
Albert C
OHEN, Belle du Seigneur.

Le Bureau central de renseignement et d’action (B.C.R.A.), le Bureau international de l’heure (B.I.H.), le Bureau international du travail (B.I.T.), le Bureau des longitudes.
Robert 1993.
Robert 1985 {Bureau International du Travail.